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Recrutement : Le Canada embauche à tour de bras

L’actualité | publié le : 27.11.2017 | Ludovic Hirtzmann

Le Canada se rapproche du plein-emploi, notamment au Québec. Les entreprises de la Belle Province, où le taux de chômage est au plus bas depuis 1976, sont confrontées à une pénurie de main-d’œuvre criante. Les entrepreneurs multiplient les initiatives pour séduire les travailleurs au Québec et à l’étranger.

« Engagée 24 heures après avoir envoyé son CV de Colombie »,

a titré le 20 novembre le Journal de Montréal à propos d’une jeune infirmière colombienne, Johana Botero, embauchée dans un hôpital de la région montréalaise. À 6,1 % en octobre, le taux de chômage est au plus bas au Québec depuis quarante et un ans ! Si Montréal affiche 7,7 % de chômeurs, plusieurs régions de la Belle Province sont en situation de pénurie de main-d’œuvre. Dans la région de la Beauce québécoise, le taux de chômage n’est plus que de 2,4 %. Au point que les initiatives se multiplient pour trouver des bras. L’agence de développement économique de la ville de Québec, Québec International, devait être à Paris entre les 22 et les 27 novembre à la recherche de talents français, accompagnée d’entrepreneurs de la capitale québécoise qui proposent plus de 440 emplois. Les « cousins » recherchent tout particulièrement des ingénieurs, des comptables et des informaticiens. Le 27 novembre, les mêmes dirigeants avaient ensuite prévu de s’envoler pour une autre mission de recrutement, cette fois à Tunis, jusqu’au début décembre. Les entreprises manquent tant de travailleurs que des usines fonctionnent au ralenti. Pour attirer les employés, des patrons de certaines régions leur offrent des bonus de 5 000 dollars s’ils viennent s’y installer. Une somme que donnent les employeurs de la région de Montmagny, près de Québec. « Je suis allé à la mi-octobre à un salon de recrutement à Montréal. Les employeurs de la région de Montmagny me harcelaient littéralement pour que j’aille travailler chez eux », conte un jeune français.

50 000 travailleurs recherches dans le transport.

Les travailleurs étrangers ne sont pas très chauds à l’idée de s’installer dans des campagnes ou dans des petites villes, souvent coupées de toutes activités culturelles. Malgré de nombreuses initiatives du gouvernement pour attirer les immigrants en province, environ 80 % d’entre eux, bon an mal an, choisissent toujours Montréal. Les communautés françaises de Montréal et de Québec comptent plus de 140 000 nationaux, mais seuls quelques milliers vivent ailleurs dans la province. Si tous les secteurs recrutent, l’industrie du camionnage est particulièrement demanderesse. Ce pôle d’activité devra recruter 50 000 conducteurs de camion et cadres administratifs d’ici 2020. Les sociétés de transport routier offrent désormais des bonus à l’embauche et des formations. Autre secteur en difficulté, la restauration. Faute de travailleurs, McDonald’s a dû fermer temporairement un de ses établissements dans le Nord du Québec, à Val-d’or, ville de 33 000 habitants. Moins compétitives sur le plan salarial, les commerces, les entreprises de la restauration et les TPE peinent à dénicher des candidats.

L’incontournable bilinguisme.

Si les employeurs viennent régulièrement dans l’Hexagone vanter l’eldorado québécois, les démarches administratives d’installation ne sont pas toujours simples. L’embauche peut être rapide, mais il faut toutefois obtenir un permis de travail, ce qui peut prendre de quelques mois à un an et demi selon le type de visa. Autre obstacle : la maîtrise de l’anglais. « J’ai émigré du Maroc il y a une quinzaine d’années. Je suis informaticien, spécialiste en sécurité de réseaux. J’ai travaillé dans mon secteur d’activité au Québec, mais pas longtemps. Car ici, si l’on ne parle pas parfaitement anglais, il est impossible de progresser », confie Amir, aujourd’hui chauffeur de taxi, qui ajoute : « En informatique, les échanges téléphoniques passent souvent par les États-Unis et il faut alors maîtriser l’anglais. » Ce handicap linguistique est très présent chez les Français, qui doivent en outre affronter un marché du travail québécois régi par une quarantaine d’ordres professionnels ultra-corporatistes qui dictent les règles d’exercice. Paris et Québec ont bien signé il y a dix ans un accord pour que les diplômés puissent exercer sans entraves dans leurs pays respectifs, mais dans les faits, si les Québécois peuvent travailler en France sans restrictions aucune, ce n’est pas encore le cas pour tous les professionnels de l’hexagone.

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann