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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Chroniques | publié le : 13.11.2017 | Denis Monneuse

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Denis Monneuse : Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Donnez… et nous recevrons !

Depuis la création de la journée de la gentillesse (le 13 novembre), cette notion a fait son apparition dans l’entreprise. Mais elle est encore perçue avec beaucoup de scepticisme par nombre de DRH et managers. Ils n’ont rien contre la gentillesse en tant que tel et se garderaient bien d’appeler leurs collaborateurs à se montrer méchants, mais ils craignent que ce concept « Bisounours » ne soit guère adapté au monde du travail.

De plus en plus de chercheurs

tentent pourtant de mesurer les effets des comportements « prosociaux », c’est-à-dire des comportements témoignant d’un souci de l’autre et d’une volonté de venir en aide à son prochain ou, plus prosaïquement, à ses collègues. L’objectif est d’étudier si ces comportements considérés moralement comme bons se révèlent positifs ou négatifs pour le salarié qui en est l’auteur ainsi que, plus globalement, pour son équipe et pour son entreprise.

Dans cette lignée, Joseph Chancellor, de l’université de Californie, et trois autres collègues, Seth Margolis, Katherine Bao Jacobs, et Sonja Lyubomirsky, ont mené une expérience auprès de 111 salariés d’une entreprise implantée en Espagne pour mesurer les effets à court et moyen termes des comportements prosociaux. Ils la relatent dans le dernier numéro de la revue Emotion*. L’un des intérêts de leur étude est qu’il ne s’agit pas d’une expérience menée en laboratoire mais sur le terrain, in real life comme on dit aujourd’hui. Nos quatre chercheurs répartirent les salariés en trois groupes : celui des donneurs, celui des receveurs, et enfin le groupe témoin (celui qui n’est pas affecté par l’expérience afin de servir de groupe de référence ou de comparaison). Les donneurs devaient faire preuve de cinq actes de gentillesse pendant un mois envers certains de leurs collègues, qualifiés de receveurs.

Quelles furent les conséquences ?

Elles furent positives aussi bien pour les donneurs que pour les receveurs et à court autant qu’à moyen termes. Trois bonnes nouvelles peuvent être retirées de cette étude. La première, c’est qu’il n’est pas inutile d’être sympathique avec ses collègues puisque les receveurs notèrent les marques de gentillesse reçues de la part des donneurs. Les receveurs se sentirent plus heureux pendant, mais aussi après l’expérience.

La deuxième, c’est qu’être gentil avec ses collègues est un choix payant, au moins pour son bien-être personnel. En effet, les donneurs se déclarèrent plus satisfaits de leur travail et de leur vie en général, y compris un mois après la fin de l’expérience.

Enfin, la troisième bonne nouvelle, c’est que la gentillesse est contagieuse. Les salariés ayant bénéficié d’actes de gentillesse de la part de leurs collègues donneurs firent preuve bien plus souvent que le groupe témoin de comportements prosociaux. Toutefois, cette gentillesse des receveurs ne s’adressait pas nécessairement aux donneurs ; des salariés ne se montrant pas spécialement gentils en ont aussi profité.

En conclusion,

DRH et managers devraient considérer avec moins de circonspection cette notion de gentillesse au travail. Au contraire, ils devraient impulser l’élan pour déclencher un effet contagieux de marques d’attention des uns envers les autres.

* Chancellor, J., Margolis, S., Jacobs Bao, K., & Lyubomirsky, S. (2017). Everyday Prosociality in the Workplace : The Reinforcing Benefits of Giving, Getting, and Glimpsing. Emotion.

Auteur

  • Denis Monneuse