Pour mener à terme son projet, Emmanuel Macron semble bénéficier d’une conjoncture inédite. Avec peu d’adversaires disposés à s’opposer fermement au gouvernement. Du moins pour l’heure. En effet, « la configuration politique est étonnante », a pointé, à ce sujet, Jean-Pierre Basilien, lors de la présentation de la note de conjoncture sociale d’Entreprise & Personnel, le 20 octobre dernier. Qu’elle émane des Républicains ou du PS, l’opposition se cherche toujours. Jean-Luc Mélenchon excepté. Le leader de La France Insoumise (LFI) a bien réussi à mobiliser contre le projet du président de la République, fin septembre. Mais il ne parvient pas à entraîner avec lui le monde syndical, alors que les confédérations sont elles-mêmes « neutralisées », dans un jeu de postures divergentes. Quant aux salariés, ils ne semblent « pas prêts à se mobiliser », estime E & P. L’association au service de la professionnalisation RH note que même du côté des fonctionnaires, la journée du 10 octobre n’a pas fait d’étincelles.

Pour autant, rien ne garantit que le projet d’Emmanuel Macron passera comme une lettre à la poste. E & P tient compte de la « montée d’un ressentiment social diffus devant une politique perçue comme déséquilibrée ». Dès lors, au printemps prochain, quels scénarios sont envisageables ? L’un, optimiste, voit le gouvernement engranger les « premiers résultats », a envisagé E & P. « Des résultats significatifs sur l’emploi » et « des gains de pouvoir d’achat » aideraient à dégager un « climat social apaisé ». En revanche, le climat social se dégraderait encore immanquablement, si les équilibres promis par les réformes demeuraient introuvables. Gare aussi à deux dossiers toujours explosifs, met en garde E & P. Celui de la suppression des régimes spéciaux de retraite, s’il revenait sur la table. Et celui de la sélection à l’entrée à l’université pour 2018. Le climat social l’an prochain serait plus orageux.