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L’enquête

Budget : Le poids des contraintes financières

L’enquête | publié le : 17.10.2017 | L. G.

L’attente d’optimisation des budgets formation est d’autant plus élevée que les contraintes financières se renforcent.

Selon une étude Rhexis parue en mai dernier, une des priorités des responsables formation (RF) est de démontrer à leur direction la contribution de la formation à la performance globale. C’est en effet la réponse de plus de la moitié (54 %) des 203 DRH et responsables formation interrogés en février-mars 2017 par le cabinet pour son baromètre Management de la formation. Et si on ajoute à cela, les réponses affirmant que la question est « assez importante », on culmine à un total de 88 % ! Une seule autre thématique mobilise davantage les spécialistes interrogés : le fait de mieux accompagner les managers dans le développement des compétences de leurs équipes. Cet objectif très classique revêt toujours une très grande importance pour 62 % des répondants, et si on y ajoute les « assez important », on arrive à un total de 95 % des avis.

CPF : une déception financière

Cet enjeu de la preuve de la performance devient tel que le fait de « mieux répondre aux attentes et demandes des salariés » passe au second plan ! “Seuls” 39 % des répondants qualifient ce point de très important, 53 % le jugeant « assez important ». Cette tension s’explique en partie par une autre déception financière : le compte personnel de formation (CPF) se révèle être « un outil intéressant » pour un tiers seulement des répondants. Constat se fait que le CPF s’adresse d’abord à l’individu, au collaborateur, et qu’il n’est pas si évident que cela de l’intégrer au financement de sa politique de formation. Avec deux bémols pointés par Alain Ragot, dirigeant de Rhexis : « Les entreprises de moins de 300 salariés se montrent les plus enthousiastes (40 %). Peut-être aidées par leur Opca, elles sont sans doute plus attirées par l’utilisation de cette source de financement dans le cadre de projets coconstruits avec les salariés. Les plus grandes (plus de 3 000) sont également nombreuses à avoir intégré le CPF, du fait probablement d’une fonction formation plus structurée, sans doute mieux à même de communiquer en interne afin d’inciter les collaborateurs à mobiliser leur compte personnel de formation. »

Comment expliquer ce constat ? Alain Ragot constate que le développement et l’actualisation des compétences sont de plus en plus perçus comme des avantages différenciants pour la performance ; et la réforme de 2014 a libéré le service formation de l’obligation de dépense, faisant de la formation, plus que jamais, un investissement. En 2017, la part des responsables formation et responsables RH qui anticipent un renforcement du rôle de la fonction formation augmente même de 2 points, à 57 %.

Hausse de la Charge administrative

L’évolution la plus notable, selon Rhexis, est la progression de la mission administrative, qui est jugée assez ou très importante par 77 % des responsables interrogés, et qui est en progression de 9 points par rapport à 2016. « Sans qu’on assiste à une explosion de la contrainte administrative, les aspects gestion reviennent fréquemment et de façon croissante parmi les préoccupations des RF/RH. La réforme, censée simplifier la gestion administrative de la formation, ne semble donc pas avoir tenu toutes ses promesses. Au contraire, le dispositif du CPF ainsi que la nécessité de mieux tracer les actions de formation se traduisent par une charge administrative accrue », explique le dirigeant de Rhexis. Problème : les RF jugent ne pas avoir les moyens de ces missions. Ils témoignent d’une insatisfaction croissante vis-à-vis de leurs moyens et de leur adéquation : 51 % trouvent leur effectif insuffisant (+ 14 points), 55 % sont insatisfaits de leur système d’information (+ 4 %), et la moitié (+ 5 %) se plaignent d’une charge administrative trop élevée par rapport aux enjeux qu’ils ont à traiter. Une part croissante des RF/RH peinent donc à trouver les moyens de se concentrer sur leurs missions à haute valeur ajoutée : efforts à fournir pour mobiliser les managers, dont l’implication est jugée insuffisante.

Externalisation, e-learning, internalisation

Outre la recherche de financements auprès des Opca, les responsables formation mettent en avant trois dynamiques de réduction des coûts, selon l’étude Rhexis :

– L’externalisation de la gestion s’avère une solution pertinente pour un peu moins d’une entreprise répondante sur cinq qui en a déjà fait le choix. Et la tendance est à la hausse : parmi celles qui ne l’ont pas fait, 31 % jugent que l’externalisation pourrait répondre à leur problématique, soit 5 points de plus qu’en 2016.

– La progression des formations en distanciel (e-learning, classes virtuelles…) se confirme : 63 % des répondants envisagent d’en développer les différentes modalités en 2017, contre 56 % en 2016. L’évolution est particulièrement nette dans les entreprises de plus de 1 000 salariés : les trois quarts des responsables formation de ces groupes pensent réduire la part du présentiel cette année, contre les deux tiers en 2016. Elle est également très puissante dans le secteur du commerce (86 % d’avis en ce sens, soit + 22 points par rapport à 2016) et celui de la banque/assurance (84 %). La plupart des études confirment ce constat de développement du distanciel et du numérique dans la formation. Selon l’enquête e-doceo/ISTF réalisée en 2017 sur le digital learning, le distanciel a progressé de 7 points en 2016 dans les pratiques des entreprises.

– Le recours aux formations internes continues progresse, même si c’est dans des proportions moindres : les trois quarts des répondants souhaitent y recourir davantage (+ 2 points). Les attentes dans le secteur du commerce sont particulièrement fortes, puisque 95 % des répondants de ce secteur souhaitent y recourir davantage.

L. G.

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  • L. G.