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La semaine

Reconversion : La SNCF accompagne la mobilité des agents fragilisés

La semaine | publié le : 17.10.2017 | Marie-Madeleine Sève

Confrontée à la montée des inaptitudes dans ses effectifs, l’entreprise de transport ferroviaire a innové, en créant des sas de rebond spécifiques autonomes. Les résultats tout juste annoncés, sont spectaculaires.

Le 12 octobre, la SNCF présentait un bilan du nouveau dispositif destiné à favoriser la transition professionnelle de ses salariés les plus fragiles. « Jusqu’à la fin des années 2000, nous savions reconvertir sur des postes plus doux, les agents déclarés inaptes à leur travail. Mais depuis 2010, c’est devenu une vraie préoccupation, car leur nombre a augmenté du fait de l’allongement des carrières, de la pénibilité de certains métiers et des réorganisations », explique Michel Bernat, directeur emploi et parcours de l’entreprise. Soit 200 de plus par an, ces trois dernières années.

Une cellule dédiée.

Le savoir-faire des « espaces initiative mobilité » maison, maillant tout le territoire et ciblant plutôt les mutations choisies, la SNCF a expérimenté dès 2012 à Montpellier une cellule dédiée, dite « cellule Alpha » au fonctionnement agile et autonome, conçue avec le cabinet conseil Homega (groupe Menway), expert sur ces sujets. « L’idée est de redonner très vite une activité alternative, digne et utile, à des salariés qui se sentent marginalisés, avec une image abîmée d’eux-mêmes. Car plus la période d’attente dure, plus le repositionnement est complexe », souligne Christian Ferrari, président d’Homega. Les résultats étant concluants, la formule a été dupliquée au 2e semestre 2016 en France. Il y a aujourd’hui 19 cellules Alpha, dispersées sur divers bassins d’emploi, et gérés le plus souvent par un ex-manager en situation tout aussi délicate. L’originalité de la cellule Alpha est double : elle constitue un sas, permettant à ses bénéficiaires – inaptes ou peinant à se recaser après une restructuration – de rebondir sur de vrais jobs en interne et ce sont eux-mêmes qui définissent leurs activités. Non seulement celles-ci ont du sens, mais elles permettent de réaliser de substantielles économies tout en allégeant les managers de proximité, dits « DPX », de tâches chronophages. Exemples : s’occuper des dépôts de plainte au commissariat, après la dégradation de matériel ; gérer les vêtements de travail ; repeindre les coffrets et les poteaux des passages à niveau (coûteux à sous-traiter), planifier et organiser les déplacements pour les visites médicales périodiques obligatoires, etc. Ce qui nécessite parfois une microformation, la formation la plus lourde étant pour la reconversion proprement dite. Au total, durant le 1er semestre 2017, ce sont 7 000 journées de travail qui ont été épargnées aux DPX, soit l’équivalent de 35 emplois. De surcroît, les cellules Alpha s’échangent leurs bonnes pratiques. Et puis elles naissent et meurent selon les besoins.

« Pour nous, c’est un méga-succès, se félicite Michel Bernat. Les agents y restent moins de six mois, alors qu’on escomptait un retour à l’emploi à douze mois. En 2017, on a accueilli 300 salariés, 70 ont trouvé un nouveau métier et nous arrivons à contenir la courbe d’inaptitude ». Du coup, la SNCF envisage d’élargir le dispositif aux salariés de retour après une absence de longue durée.

Auteur

  • Marie-Madeleine Sève