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Sur le terrain

Dialogue social : Arc International s’ouvre à la démocratie participative

Sur le terrain | publié le : 10.10.2017 | Stéphanie Maurice

Le groupe verrier a créé des groupes de travail composés de salariés volontaires : leurs propositions nourriront les négociations avec les représentants syndicaux.

Le groupe verrier Arc International tente la démocratie participative pour élaborer son futur pacte social. Le 15 juin, un premier groupe de travail, composé de salariés volontaires, a présenté ses préconisations en matière d’aménagement des fins de carrière devant les partenaires sociaux. Un sujet important dans une entreprise qui emploie 5 000 personnes, où la moyenne d’âge tourne autour de 50 ans, et la durée de carrière habituelle de 30 ans. Le groupe de travail a suggéré que le dispositif existant – passage à 80 % du temps plein pour 90 % du salaire brut – soit ouvert dès 57 ans, et non 58 comme c’est le cas aujourd’hui. « Pendant les trois ans que va durer ce pacte social, entre 2018 et 2020, 750 salariés partiront à la retraite », rappelle Emmanuel Saussard, le DRH Europe.

Ce n’est pas la seule thématique abordée : la direction prévoit de revoir l’ensemble des accords déjà existants dans le domaine social, d’en conclure de nouveaux (par exemple sur le droit à la déconnexion, récente innovation législative) et de rassembler l’ensemble des textes dans un document directeur. Emmanuel Saussard voit ce pacte social comme « une sorte de business plan social et humain, qui accompagne les business plans industriel et financier ».

Arc International est à un moment particulier de son histoire : en 2015, l’entreprise familiale, au bord de la faillite, a été rachetée par un fonds d’investissement américain. Pour rétablir sa rentabilité, toujours chancelante, une réorganisation totale de l’entreprise est en marche. C’est dans ce cadre que prend place la volonté de la direction de « développer la prise de parole des salariés », comme l’explique le DRH.

Frédéric Specque, secrétaire CGT du CE, pose les enjeux : « On ne peut pas transformer une entreprise de cette taille sans l’adhésion des salariés. C’est fini, le temps où M. Durand (dirigeant historique de la société, NDLR) claquait des doigts et tout le monde filait droit. La confiance n’est pas encore là. » Il s’agit donc de rassurer les équipes, mais aussi de tenir compte de leur savoir-faire : les ouvriers connaissent leur métier et leur usine sur le bout des doigts. « Ces dispositifs de participation des salariés au dialogue social permettent d’éviter certaines erreurs », reconnaît Emmanuel Saussard.

Il a fallu cependant poser des limites à cet exercice de démocratie participative, afin que les délégués syndicaux ne se sentent pas dépossédés de leur rôle de représentation et de négociation. Les thématiques les plus sensibles – organisation du temps de travail et rémunération – ont été retirées de la liste des sujets traités par les groupes de travail. Ceux-ci sont constitués de salariés volontaires, après un appel aux bonnes volontés lancé au printemps. Ils traitent, outre l’aménagement des fins de carrière, l’égalité homme-femme, le handicap, le droit à la déconnexion, le télétravail, l’accord sur la participation aux bénéfices et la qualité de vie au travail. Leurs propositions, présentées aux syndicats et à la direction, serviront de socle aux négociations ultérieures.

La prochaine restitution de leurs travaux doit avoir lieu à l’automne, en raison des congés d’été, puis de la tenue des élections professionnelles entre le 16 et le 19 octobre, ce qui suspend de fait toute discussion le temps de la campagne. Les négociations proprement dites devraient commencer après ces échéances, pour une signature du pacte social au début de l’année prochaine, espère la direction.

Des avis nuancés

Frédéric Specque dit son intérêt pour ce dispositif : « Recevoir des idées qui émergent du personnel n’est pas une mauvaise chose. » Élisabeth Jacques, déléguée centrale CFE-CGC, est plus circonspecte : « J’attends de voir ce que cela va donner. La question est de savoir ce qui se passe si nous refusons ce que les salariés proposent. Cela peut être délicat à gérer. » Elle estime également que les priorités sont ailleurs. En mai dernier, Arc International a connu de grosses difficultés de trésorerie, car un groupement d’investisseurs n’avait pas débloqué des fonds attendus, pour un montant de 35 millions d’euros. L’État a dû intervenir. « Négocier un accord sur le handicap ou le droit à la déconnexion, d’accord, mais cela pouvait attendre plus tard, souligne Élisabeth Jacques. C’est décalé par rapport à nos préoccupations. »

Auteur

  • Stéphanie Maurice