Entre lutte sociale et politique, cet ouvrage de deux sociologues retrace deux siècles d’histoire du travail dominical en France et à l’étranger et en analyse les effets sur les salariés. Le débat idéologique entre opposants et défenseurs du « Jour du Seigneur » ne date pas d’hier, rappellent-ils. De la révolution industrielle aux lois Maillé de 2009 et Macron de 2015, ils montrent combien le travail dominical s’est banalisé dans tous les pays européens. Un recul social selon eux : là où le repos dominical a été instauré au début du 20^e siècle pour ménager la santé des salariés, les socialistes « ont privilégié le marché au détriment des conditions de travail et du vivre ensemble » déplorent les chercheurs. Un ouvrage critique donc, mais remarquablement documenté.

« Quelle est l’utilité sociale de ce revirement ? », questionnent les sociologues. À partir d’études et de recherches, ils estiment que, malgré les contreparties obtenues par les syndicats, les créations d’emplois, tout comme l’augmentation du chiffre d’affaires des commerces sont très mitigées. Quant aux vendeurs des grands magasins, les sociologues soulignent le volontariat contraint. Plus intéressant, ils estiment qu’ils y perdent aussi en qualité de vie : « Le temps du dimanche passé en famille ou avec ses amis ne se rattrape pas. » On assisterait donc « à un captage du temps libre pour en faire un temps productif », sans répondre pour autant aux attentes des Français, dont l’envie première ne serait pas de faire leurs courses le dimanche…