Chouchouter les internes pour qu’ils reviennent, s’installent et donnent envie aux petits nouveaux qui viennent de réussir leur concours de prendre leur tour… voilà sur quoi mise l’hôpital de Cherbourg pour combler son déficit chronique de médecins. « Il nous manque une trentaine de médecins chaque année, explique Hélène Gendreau, DRH du centre hospitalier du Cotentin. Attirer les internes est une priorité, car les recrutements se font sur le long terme. » Les jeunes diplômés qui bénéficient de postes d’assistants spécialistes régionaux – un dispositif de l’État destiné à faciliter les temps partagés entre CHU et centres hospitaliers – sont également dans le viseur.

L’établissement de Cherbourg joue sur plusieurs tableaux. D’abord, il a fait en sorte que la quasi-totalité des services puisse employer les nouveaux venus et qu’ils soient accompagnés pendant toute la durée de leur séjour. Depuis quatre ans, en plus d’une session d’accueil collectif à leur arrivée, un praticien hospitalier a pour mission d’être à leur écoute et de leur proposer régulièrement des formations courtes (environ trente minutes), assurées par différents professionnels, sur des questions peu ou pas abordées au cours de leurs études, par exemple la prise en charge des personnes âgées aux urgences. Depuis un an, la DRH participe à l’entretien individuel mené avec chaque interne par le chef de pôle pour faire le bilan du stage.

Deuxième volet : en 2014, un groupe de stagiaires et de médecins a élaboré une “charte d’accueil et d’intégration”, largement diffusée par la suite. Objectif : améliorer les conditions de travail des internes, notamment en rappelant et clarifiant les particularités de leur statut et de leurs fonctions pour qu’elles soient respectées. Par exemple, chaque semaine, deux demi-journées réservées à la formation et à un temps libre ; récupération des gardes et des astreintes. Aux urgences, les gardes sont doublées (elles se font à deux) dans le même objectif. En fin de stage, une enquête de satisfaction menée auprès des stagiaires permet de faire le point avec les chefs de service et d’améliorer les conditions matérielles du séjour.

Enfin, la direction a tissé un partenariat avec les collectivités locales, les autres acteurs de la santé et les bailleurs sociaux pour renforcer l’attrait de ce coin de Normandie. Depuis deux ans, lors du premier semestre de stage, les internes sont invités dans un lieu culturel à une soirée festive qui débute par une présentation des acteurs sanitaires du territoire et s’achève par un spectacle ou un concert. L’été, ils sont conviés à un week-end intitulé les Paradis de Cherbourg. Au programme, activités nautiques, festival artistique, soirée festive, balade, et rencontre avec les médecins libéraux du Cotentin. Ces actions sont financées pour l’essentiel par les collectivités territoriales. Le centre hospitalier a également amélioré le logement des internes, qu’il doit assurer gratuitement, en signant une convention avec un bailleur social privé qui loue des appartements en centre-ville.

Tous ces efforts se sont avérés payants. Le nombre de stagiaires a rapidement progressé, passant de 35 en 2015 à 60 en 2016. Ils se rendent plus nombreux aux Paradis de Cherbourg, qui parviennent à drainer des internes de tout le Grand Ouest : une centaine en 2016 et 2017, au lieu d’une soixantaine lors de la première édition, en 2015.

Effectifs

2 453 salariés, dont 164 médecins.

Budget d’exploitation :

150 millions d’euros.