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L’enquête

Centre hospitalier de Saint-Quentin : Des rencontres pour aider le retour au travail des agents fragilisés

L’enquête | publié le : 10.10.2017 | S. F.

L’hôpital de Saint-Quentin a mis en place une démarche pour accompagner le retour au travail et le reclassement de ses agents ayant des restrictions médicales. Rencontres entre anciens et nouveaux salariés, entretien avec l’encadrant, recherche par la DRH de postes adaptés…

Dans un salon de l’hôpital de Saint-Quentin se sont tenues, depuis 2016, trois rencontres inédites. « L’idée était que des agents reclassés en raison de restrictions médicales partagent leur expérience, lors d’un moment convivial, avec des collègues en attente d’un poste aménagé, qu’ils soient encore en congé maladie ou de retour à l’hôpital. Nous avons introduit chacune de ces rencontres, puis nous les avons laissés échanger entre eux », relate Emmanuelle Juan, DRH de l’hôpital de Saint-Quentin. Objectif : « Cela remobilise ceux qui sont dans une phase de transition et qui sont souvent isolés et inquiets », souligne-t-elle.

C’est le point le plus original de la démarche engagée par l’institution pour accompagner le retour au travail et le maintien dans l’emploi de salariés fragilisés. Les agents de service hospitaliers, les aides-soignants et les manutentionnaires du service logistique sont les plus touchés. Métiers éprouvants, augmentation de la charge de travail, réorganisation de services, management inadapté… les facteurs de risques s’accumulent. Et, comme dans de nombreux hôpitaux, l’absentéisme des agents pour raisons de santé progresse. Il dépasse 8 % en 2016.

Une cartographie précise des postes aménagés, qui représentent 10 % du total des postes, a permis d’appréhender l’ampleur et la diversité des situations. Elle a aidé à définir une stratégie destinée à anticiper le retour d’un agent pour lequel le médecin de prévention préconise des restrictions médicales. La DRH a créé une fiche navette avec les directions du centre hospitalier et de l’Ehpad qui en dépend pour identifier les postes vacants, les missions attendues, et ensuite ajuster celles-ci avec le médecin du travail et la personne en situation de handicap. Par ailleurs, elle informe les agents des démarches à engager pour obtenir la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, qui seule permet à l’établissement d’obtenir une aide financière pour l’aménagement d’un poste ou de l’environnement de travail. Enfin, elle a mis au point un document informant des conséquences pécuniaires à court et long terme d’un reclassement. « Un soignant qui prend une fonction administrative voit son revenu baisser et perd des avantages pour le départ à la retraite », explique Emmanuelle Juan.

Une attitude bienveillante

Il est d’autant moins facile, dans ces conditions, de faire le deuil de son métier. C’est pour accompagner au plus près cette transition que la direction de l’établissement a élaboré plusieurs outils depuis deux ans. L’un d’eux est en phase de test dans l’Ehpad et cinq pôles hospitaliers. L’encadrement est chargé de conduire des entretiens de retour à l’emploi avec les salariés qui ont été absents plus de trente jours ou plus de trois semaines sur trois mois. « Il s’agit de faciliter le retour en écoutant l’agent, ses questions, ses besoins, et en l’informant de ce qui a changé pendant son absence, décrit Maria Grassano, ingénieur biomédical qui encadre six techniciens à l’hôpital de Saint-Quentin. J’ai mené la discussion en suivant la grille très simple qu’on nous a fournie. Cela permet d’être complet et d’avoir un dialogue serein. » Pour se former à ces entretiens, les cadres ont participé à une session de jeux de rôle animée par un agent de la DRH. « L’un des objectifs était de les préparer à avoir une attitude bienveillante et neutre, ce qui est loin d’être facile », précise Emmanuelle Juan.

En cas de reclassement, les salariés suivent plusieurs étapes : immersion dans le nouveau poste pendant une demi-journée ou une journée pour tester s’il convient, engagement dans une formation si besoin, prise de poste provisoire pendant un mois ou plus. En cas d’échec, il est orienté vers un autre emploi. Avec un mot d’ordre : « Mieux vaut les orienter vers des postes qui par nature ne comportent pas de tâches qui leur sont interdites. Quand on aménage des postes, par exemple sans charge physique, cela a pour effet d’alourdir le travail des collègues », souligne la DRH. Une dizaine de personnes ont ainsi été reclassées. « Les personnes retrouvent un sens à leur travail et s’approprient de nouvelles missions », assure Emmanuelle Juan.

Repères

Effectifs

2 536 salariés, dont 218 médecins.

Budget

211 millions d’euros.

Auteur

  • S. F.