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Insertion : Activité réduite des chômeurs : un tremplin vers l’emploi ?

La semaine | publié le : 10.10.2017 | Marie-Madeleine Sève

Cumuler chômage et emploi devait aider les demandeurs d’emploi à rebondir sur le marché du travail. Pour un quart d’entre eux, cette situation perdure observe la Dares dans une récente étude.

La Dares a livré le 28 septembre, une étude qui met à mal l’objectif d’un dispositif censé remettre le pied des chômeurs à l’étrier d’un job pérenne. Celui de « l’activité réduite », permettant aux inscrits à Pôle Emploi de rester indemnisés ou indemnisables selon le volume et le niveau de rémunération du travail qu’ils exécutent, parallèlement à leur recherche d’emploi. Le service statistique du ministère du travail estime en 2014 à 1,7 million chaque mois le nombre de ces actifs atypiques (catégorie B et C), dont un tiers cumule salaire et allocation, et un tiers, dépassant les seuils de cumul autorisés, ne touche pas d’indemnité, mais demeure sur les listes (les autres ne sont pas éligibles à l’assurance chômage).

Enfermement

Cette proximité avec le marché du travail et la garantie de conserver un minimum de revenus sont en théorie bénéfiques pour mieux prospecter, mais des travaux dénoncent l’enfermement de ces chômeurs-travailleurs dans des trajectoires de précarité, avec « des situations de cumul régulières et durables », affirme l’enquête. Tout comme l’impossibilité pour eux de démarcher des employeurs potentiels lorsqu’ils effectuent temps plein. En outre, l’activité réduite, qui assure de facto un complément financier quand elle est basée sur des contrats peu payés (faible volume horaire, succession de CDD), est, dans un premier temps, subie. Car après huit mois, les intéressés changent d’avis : 46 % d’entre eux n’envisagent pas de faire autre chose, selon une enquête de 2012.

Les auteurs isolent toutefois, des profils divers dans l’échantillon des chômeurs indemnisables, ayant d’activité réduite entre 2012 et 2014. Dans une première catégorie, les trois quarts d’entre eux (75 %), y ont recours ponctuellement : les jeunes, qui sortent rapidement des listes, les plus âgés qui restent quasi-continûment inscrits, et des récurrents, qui alternent épisodes hors listes et sur les listes.

La seconde catégorie regroupe les 25 % qui s’y adonnent régulièrement. Parmi eux, certains (6 % de l’échantillon total) s’y adonnent de façon fréquente, alternant indemnisation et activité salariée, précédant une sortie vers l’emploi, classe dans laquelle sont surreprésentés les niveaux bac + 2 et plus. D’autres (8 %), pratiquent l’activité réduite 9 à 10 mois après l’inscription à Pôle emploi, avec ou sans cumul, pour « subvenir aux besoins primaires ». Un autre groupe bien distinct, a un recours intensif à l’activité réduite : 6 % presque tous les mois, en cumulant salaire et allocation, surtout les intermittents, les assistantes maternelles et les intérimaires, en vue de lisser leurs revenus mensuels. Mais s’y adjoignent aussi un certain nombre de personnes du régime général. « L’activité réduite pourrait être interprétée à ce titre comme une “zone grise” entre le régime général et le régime spécifique, un “halo” de l’intérim et de l’intermittence », résument les experts. Enfin, dernier groupe, 7 % chômeurs occupent un emploi régulier, tout en restant inscrits à l’assurance chômage pour bénéficier de mesures d’accompagnement et droits connexes.

Auteur

  • Marie-Madeleine Sève