logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Sur le terrain

Retour sur… Les DRH à temps partagé d’Elia

Sur le terrain | publié le : 03.10.2017 | Catherine Sanson-Stern

CERTAINES PME ont des besoins RH qui supposent une expertise dont elles ne disposent pas en interne. La réforme du Code du travail pourrait encore accroître cette demande. En réponse, une offre de prestations s’est développée depuis quelques années. Zoom sur le cabinet Elia, fondé par d’anciens consultants en RH.

Double master 2 de droit du travail et d’ingénierie de la formation et des systèmes d’emplois en poche, Paul Caviglioli a cofondé, à la fin de ses études, il y a huit ans, Elia, un cabinet de DRH à temps partagé pour les PME, situé à Toulouse. Avec cinq autres consultants disposant d’une expertise RH minimale de cinq ans mais sans avoir été forcément DRH – ils viennent de BPI, d’Agefos PME ou d’Alten – il gère un portefeuille clients de 75 entreprises de la région toulousaine.

Poussées par leurs besoins RH (mise en conformité, structuration d’un service RH, remplacement d’un DRH, prise en compte des attentes individuelles des salariés, accompagnement de la croissance…) mais disposant de moyens trop limités pour s’offrir un DRH à temps plein, de plus en plus de petites entreprises optent pour une direction des RH à temps partagé. Une offre s’est ainsi développée depuis une quinzaine d’années dans laquelle on trouve beaucoup d’anciens DRH travaillant pour plusieurs entreprises, en général sous le statut d’indépendant, mais aussi des cabinets, dont l’offre va au-delà de la consultance.

Chaque consultant d’Elia est formé pour répondre à l’ensemble de leurs besoins RH (sauf la paie) et suit une vingtaine de PME de différents secteurs (métallurgie, Syntec…). Il a un rendez-vous fixe par mois, d’une demi-journée (pour les structures de moins de 50 salariés) à une journée, en général dans les bureaux de la direction de l’entreprise cliente, sur les postes de travail, afin d’analyser les besoins des salariés.

Lissage sur l’année

Lorsque le consultant y passe davantage de temps, notamment lorsqu’il fait passer les entretiens professionnels, le temps mensuel est lissé sur l’année. « Sur un contrat de 151 heures, un consultant est dehors en moyenne 97 heures », précise Paul Caviglioli. À part la réunion du lundi matin pour passer en revue les problématiques de la semaine, les consultants peuvent travailler chez Elia pour certaines activités, par exemple monter un document unique d’évaluation des risques professionnels. « On gère aussi au fil de l’eau, en répondant dans la journée, voire dans l’heure, à une question urgente », ajoute-t-il. Depuis le rachat d’Elia par 3X consultants en septembre dernier, les consultants bénéficient de la veille sociale du juriste du groupe qui peut aussi appuyer leurs décisions en cas de litige interne.

Les entreprises font appel à la formule du DRH à temps partagé d’Elia dans trois cas : après une visite de l’inspection du travail pour les accompagner dans la mise en place des actions préconisées (formations réglementaires, élections de délégués du personnel, prévention des risques professionnels…) ; lorsqu’une augmentation du nombre de salariés rend la gestion des RH en interne (par un DAF ou une assistante de direction) insuffisante ou, pour les PME de plus de 50 salariés, pour mettre en place une politique GPEC et amener une dynamique de formation.

Après un audit (gratuit) des besoins, Elia propose un calendrier RH avec un thème prioritaire par mois, en fonction de la stratégie de l’entreprise. « L’avantage est que le dirigeant sait ce que vient faire le consultant », souligne Paul Caviglioli. Après la validation du plan d’actions, le consultant rencontre systématiquement les salariés pour leur expliquer son rôle. « Ce que nous confient les salariés est très important car cela nous permet de favoriser une politique de changement », poursuit-il.

Un excellent rapport gain/coût

Pour une entreprise de moins de 20 salariés, la prestation complète est facturée 550 euros HT pour une demi-journée mensuelle. C’est ce que paie Fitancy, une PME spécialisée dans le commerce de lingerie grande taille sur Internet, créée en 2009 à Saint-Félix-Lauragais, un village de 1 300 habitants à 45 km de Toulouse.

Après avoir fonctionné pendant trois ans avec ses deux fondateurs, Samuel Galloo et son épouse, la start-up a embauché une personne par an depuis 2012, pour atteindre 7 salariés aujourd’hui. « Nous avons fait appel à un DRH à temps partagé il y a deux ans pour nous structurer, raconte le PDG. Il nous a semblé important de nous appuyer sur des gens compétents pour ne pas faire de bêtises. »

La remise de l’audit a provoqué des sueurs froides à l’entrepreneur : « Nous n’étions pas dans les clous sur la quasi-totalité des points audités ! », se souvient-il. « Les entretiens annuels n’étaient pas en place, il n’y avait pas d’affichage obligatoire, pas de document unique, pas de compteur de prise de travail, ni de formations obligatoires, pas de fiches de poste et les contrats étaient à revoir… », confirme le consultant RH. Elia a aussi aidé Fitancy à recruter, en lien avec Pôle emploi, via un dispositif de préparation opérationnelle à l’emploi.

Grâce à une aide pour la mise en place d’une politique de GPEC, 50 % du coût de la prestation d’Elia auprès de Fitancy devrait être pris en charge par la Dirrecte. « Le rapport gain/coût est excellent, se réjouit le PDG, car cela a donné une autre dimension à notre entreprise. Nous n’avons pas les moyens d’embaucher un DRH, mais nous en avons toutes les compétences ! »

Soutenu par les OPCA de la région et la CCI, Elia vient d’ouvrir une agence à Bordeaux et en ouvrira une autre en septembre à Lyon.

Auteur

  • Catherine Sanson-Stern