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Sur le terrain

États-Unis : Santé, sécurité : l’héritage Obama entamé

Sur le terrain | International | publié le : 26.09.2017 | Caroline Crosdale

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États-Unis : Santé, sécurité : l’héritage Obama entamé

Crédit photo Caroline Crosdale

L’agence OSHA qui supervise la santé et la sécurité dans les entreprises américaines est en train de raboter les mesures adoptées sous le régime de l’ancien président. Donald Trump a placé à sa tête un lobbyiste de l’industrie.

L’Occupational Safety and Health Administration (OSHA) s’adapte à la présidence de Donald Trump, grand pourfendeur des réglementations inutiles. La direction de cette agence fédérale, chargée de promouvoir et de faire respecter les règles liées à la santé et à la sécurité dans les entreprises américaines, a en effet décidé de supprimer la publication d’un certain nombre de données statistiques sur les maladies et les accidents dans les sociétés. Ces données, publiées sur son site, avaient le grand défaut d’avoir été ordonnées par David Michaels, l’ancien patron de l’agence, nommé par le président démocrate Barack Obama.

Lorsque l’ancien occupant de la Maison blanche a achevé son mandat, David Michaels est lui aussi parti. Ce scientifique est retourné enseigner la santé publique à l’université George Washington. Et Donald Trump a choisi pour successeur Prelle Pfuelle, un lobbyiste de l’industrie minière qui a promis de se débarrasser des « réglementations qui tuent l’emploi ». Il ne veut plus obliger les entreprises à appliquer la loi mais les « aider à se conformer » au cadre légal. Nuance.

Détricotage

Pour l’instant, Prelle Pfuelle n’a pas été confirmé par le Sénat. Mais Loren Sweatt assure l’intérim. Cette ancienne conseillère en éducation et travail de la Chambre des représentants est arrivée dans les bureaux d’OSHA à la fin juillet. La diplômée de sciences politiques s’est empressée de détricoter les dernières mesures adoptées par David Michaels. L’universitaire désirait améliorer la sécurité sur les sites de travail en jouant la carte de la transparence, voire de la désignation. « Les forts taux d’accidents sont un signe de mauvaise gestion et les employeurs ne veulent pas que leur entreprise soit perçue comme dangereuse, disait-il. Notre système va les pousser à mettre en place des politiques de prévention pour montrer aux investisseurs, aux demandeurs d’emploi et au grand public des établissements bien gérés. » Las. La nouvelle direction d’OSHA se refuse à suivre la même voie. Les statistiques sur les morts au travail, remontant à l’année 2009, ont été éliminées du site. Ne demeurent plus que celles de 2017. Les noms des victimes et de leur entreprise ont disparu « pour préserver les familles ». Et le reste n’est plus en première page du site. La direction d’OSHA, suivant les recommandations de la Chambre de commerce, se refuse à signaler les entreprises concernées, avant la conclusion de l’enquête sur l’accident.

Pour ceux qui veulent malgré tout être informés, reste le blog de Jordan Barab. L’ancien numéro 2 de David Michaels essaie de poursuivre au mieux la publication des données sur les décès. « Ce ne sont pas juste des statistiques, ce sont de vrais gens », justifie-t-il. Peu importe. Les statistiques officielles s’allègent, les informations sur les actions d’OSHA aussi. Au mois de décembre, l’ancien OSHA avait publié 30 communiqués. En février-mars, l’agence est restée silencieuse. Et au mois d’août, il n’y eut que cinq campagnes.

Dans la foulée, OSHA revient en arrière sur la réglementation des matières dangereuses. David Michaels s’inquiétait de l’exposition de certains ouvriers au béryllium et à la silice. Elle peut entraîner des difficultés respiratoires, des maladies pulmonaires ou des cancers. Le béryllium est jugé responsable de 100 morts par an aux États-Unis. Mais les lobbyistes des entreprises de construction et des sociétés maritimes ont réussi à affaiblir la réglementation, prônée par l’ancienne agence.

« La Maison Blanche estime que l’approche Obama était contre-productive et qu’elle peut faire mieux », explique le quotidien New York Times. Mieux et moins cher. Le prochain budget de l’agence, proposé par l’équipe Trump, est en sérieuse diminution, comme les prérogatives de l’agence. Ce budget n’a pas encore été voté par le Congrès, mais si les élus suivent les recommandations du président, le bureau en charge des enquêtes sur les accidents chimiques disparaîtra, tout comme les formations préventives dans les industries dangereuses.

Dans les médias

WORKFORCE. Vacances à la trappe

Une étude de Project Time Off montre que les salariés américains prennent toujours aussi peu de vacances. En 2016, 662 millions de jours de congés n’ont pas été utilisés, soit 4 millions de plus qu’en 2015. Les Américains prennent en moyenne 16,8 jours de congés payés par an, un chiffre très inférieur aux 20 jours qu’ils s’octroyaient durant la période 1978-2000. L’étude souligne que ce sacrifice est sans effet sur l’avancement de carrière. 15 septembre 2017, Workforce.com, le site du magazine spécialisé en RH.

NEW YORK TIMES. General Motors en grève au Canada

Les ouvriers de l’usine Ingersoll de General Motors dans l’Ontario sont en grève pour conserver la production de Chevrolet Equinox. Les syndicalistes d’Unifor craignent que l’usine de 2 750 personnes perde cette production au profit du Mexique. Le GMC Terrain, une voiture du même genre, a déjà quitté cet été Ingersoll pour le Mexique, et 600 emplois ont été éliminés. Les ouvriers canadiens se mettent rarement en grève, mais la menace mexicaine semble bien réelle. 18 septembre, New York Times, le quotidien généraliste.

Auteur

  • Caroline Crosdale