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Royaume Uni : Des capteurs de présence dans les salles de marché

Sur le terrain | International | publié le : 25.09.2017 | Stéphanie Salti

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Royaume Uni : Des capteurs de présence dans les salles de marché

Crédit photo Stéphanie Salti

Après la découverte par leurs salariés de capteurs sous les bureaux, Barclays comme Lloyds indiquent que ces dispositifs servent uniquement à mesurer l’utilisation de l’espace. Mais les collaborateurs n’ont pas le souvenir d’en avoir été informés.

Dans la moiteur du mois d’août, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans la City. Depuis quelques mois, des banquiers d’investissement de Barclays constatent la présence de boîtiers noirs sous leurs bureaux londoniens, selon l’agence Bloomberg. Ces dispositifs, produits par la société britannique Cad-Capture sous le nom de OccupEye, utilisent la chaleur et les détecteurs de mouvements pour enregistrer le temps passé par un salarié à son bureau.

Espionnage

Outre-Manche, l’utilisation de capteurs avait déjà défrayé la chronique : l’an dernier, les journalistes du quotidien d’informations généralistes Daily Telegraph avaient dénoncé l’installation sous leurs bureaux de ces boîtiers, qui avaient finalement été enlevés le jour même.

De façon similaire, les rumeurs d’espionnage se sont propagées rapidement parmi les salariés de la banque britannique. La direction a réagi sans tarder et nié toute volonté d’espionnage, déclarant néanmoins que cette initiative servait à réduire les coûts : « Les capteurs ne servent pas à surveiller les salariés, pas plus que leur productivité, a fait savoir la banque dans une déclaration par e-mail. Ils évaluent l’utilisation de l’espace de façon à prendre ensuite des décisions informées sur la façon dont on peut utiliser nos espaces de travail de façon plus efficace. Ce type d’analyses nous aide à réduire les coûts, en gérant par exemple la consommation d’énergie ou en identifiant les opportunités pour accroître l’adoption d’environnements de travail flexibles. » En décembre, Barclays avait sous-loué une partie de ses bureaux dans le quartier d’affaires de Canary Wharf à Londres au gouvernement britannique. Une opération qui lui permet d’économiser quelque 35 millions de livres par an.

Consultation

Selon Bloomberg, les salariés interrogés n’ont pas souvenir d’avoir été informés. La banque affirme pourtant que l’objectif de ces capteurs avait été communiquée aux salariés de même qu’aux syndicats avant leur installation. « Unite avait été consulté il y a quelque temps sur l’utilisation de ces boîtes, confirme Dominic Hook, l’un des responsables du syndicat. On nous avait donné l’assurance que ces boîtes ne contrôlaient ni les individus, ni leurs performances mais qu’elles seraient utilisées pour améliorer l’efficacité énergétique. Unite va garder un œil ouvert sur cette situation de façon à nous assurer que ces capteurs ne soient jamais utilisés à des fins d’espionnage sur les salariés ou comme un moyen de mesurer la productivité. » De son côté, la société Cad-Capture, qui commercialise OccupEye s’est défendue dans la presse en signalant qu’elle ne cautionnerait jamais l’utilisation de son dispositif à des fins d’espionnage. Par ailleurs, « la mobilité actuelle des salariés annule toute possibilité de corrélation entre la productivité et le temps passé à son bureau », explique l’un de ses représentants.

Pour Cary Cooper, président du CIPD et professeur dans le domaine de la psychologie de l’organisation à l’université de Manchester Business School, cette affaire illustre avant tout une mauvaise communication de la part des ressources humaines : « La première chose à faire aurait été de communiquer longtemps en avance aux salariés les raisons de l’utilisation de ces boîtiers. La deuxième étape aurait consisté à leur demander leur avis sur cette initiative. » L’exemple de Barclays n’est d’ailleurs pas isolé dans la City : la banque britannique Lloyds Banking Group (LBG) a également admis l’utilisation de capteurs similaires dans un objectif de réduction des coûts. À l’image de Barclays, la banque vise en effet à réduire son espace de bureau dans l’idée d’économiser quelque 100 millions de livres par an : « Le problème d’une mauvaise communication est qu’elle conduit le plus souvent à une mauvaise interprétation et à des rumeurs », conclut Cary Cooper.

Dans les médias

PEOPLE MANAGEMENT. De mauvaises orientations scolaires pénalisent l’économie britannique

Écoles et entreprises doivent travailler de concert pour mieux faire connaître les opportunités de carrière aux élèves, sous peine de porter atteinte à l’économie britannique, selon une étude publiée par Kier Construction. Pour le secteur de la construction, le manque de compréhension des carrières disponibles pour les élèves, ajouté aux incertitudes liées au Brexit et aux erreurs de recrutement, pourrait aboutir à une perte de PIB de l’ordre de 90 milliards de livres, selon le document. 4 septembre 2017. People Management, presse professionnelle RH.

FINANCIAL TIMES. Londres veut renforcer la productivité dans le Nord de l’Angleterre Le Chancelier de l’Échiquier britannique Philip Hammond a signalé son intention de rééquilibrer la productivité en Grande-Bretagne en mettant l’accent sur le nord du pays. Londres et le sud-est de l’Angleterre sont actuellement les deux seules régions où la productivité dépasse la moyenne nationale. 4 septembre 2017. Financial Times, presse quotidienne financière.

Auteur

  • Stéphanie Salti