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L’enquête

Apprentis d’Auteuil : Des cages d’escalier à l’emploi

L’enquête | publié le : 25.09.2017 | Laurence Estival

La fondation engagée auprès des publics fragiles, explore à une micro-échelle, une façon originale de ramener les jeunes des cités dans le monde du travail : le recrutement en direct dans les barres d’immeuble.

A-t-on tout essayé pour conduire les jeunes des quartiers vers l’emploi ? Peut-être pas… En tout cas, les Apprentis d’Auteuil, innovent. La fondation a décidé d’expérimenter dans deux cités de Marseille (Félix-Pyat et Malpassé) et une cité de Tarascon (Les Ferrages) le programme “Impact jeunes” qui mise sur une démarche ayant fait ses preuves à Harlem, à New York. « Il s’agit d’aller directement à la rencontre des jeunes dans les cages d’escalier et de leur proposer un accompagnement sur-mesure. La plupart d’entre eux ne connaissent pas les dispositifs mis en place dans le cadre de la politique de la ville et restent de ce fait hors des radars des associations », explique Nathalie Gatellier-Vignalou, coordonnatrice de cette initiative, associant acteurs publics et privés, départementaux et régionaux.

Repérer et recenser grace aux “Boosters”

Pour ce faire, la fondation a recruté à temps plein des “Boosters”, non pas des travailleurs sociaux, mais des jeunes connaissant bien les quartiers et le tissu économique local, et qui ont une double mission : repérer les 18-30 ans qui ont envie de bouger afin de connaître leurs désirs et leurs besoins, et recenser dans le bassin d’emploi des recruteurs potentiels. La plupart des jeunes ne quittant pas leur barre d’immeuble, les “Boosters” vont chez eux, bloc par bloc, pour parler projet professionnel et avenir. Une fois leur profil cerné, ils les présentent à des entreprises partenaires.

Si certains grands comptes, à l’image de Vinci ou de Carrefour, ont décidé de s’impliquer dans ce projet en accueillant les candidats pour les former à leurs métiers, la plupart des employeurs impliqués sont des PME locales en quête de main-d’œuvre ou intéressés à épauler les jeunes. « Je leur donne des conseils sur la façon de se présenter ou de rédiger leur CV. Je leur parle aussi de mon parcours. Je suis comme eux issu des quartiers et mon exemple montre qu’on peut réussir si on s’en donne les moyens », met en avant Rafik Mkadmi, responsable d’auto-écoles à Tarascon qui accepte de jouer ainsi le rôle de “grand frère”. Un de ses protégés pourrait d’ailleurs rejoindre prochainement son entreprise, une fois le diplôme de moniteur d’auto-école en poche.

Cette méthode au plus proche du terrain commence à porter ses fruits : en trois mois, 35 jeunes ont trouvé le chemin du travail. « Nous visons un objectif de 300 jeunes aidés d’ici mars 2018, dont la moitié pourraient être pris en stage », mentionne Nathalie Gatellier-Vignalou. Ce programme d’une durée de trois ans pourrait, selon elle, s’élargir à d’autres cités, permettant à cette initiative de faire tache d’huile.

Auteur

  • Laurence Estival