CEUX QUI AIMENT LA REFLEXION plongeront avec délice dans cet ouvrage de philosophes qui revient sur une question existentielle : au fond, qu’est-ce qu’un manager aujourd’hui, dans les organisations du travail actuelles ? Un bourreau, participant à la banalisation du mal dans certaines entreprises ? Un bon élève soumis à l’autorité ou un simple garant « de la bonne marche de la maison » ? Fruit d’un colloque de la société de philosophie en sciences de gestion, ce livre intelligent interroge cette « ambiguïté » du management au regard de l’histoire, de l’économie ou des technologies. Pétri de références (Aristote, Hannah Arendt, Jacques Ellul), il offre un recul fin et critique sur le carcan des théories managériales, questionnant le libre arbitre du manager, l’emprise du « formalisme » managérial sur l’individu, entre soumission, autocontrôle, pulsions… Inspirant à titre individuel, la lecture vaut aussi pour son interrogation collective, questionnant certaines dérives managériales (France télécom) ou les limites des chartes éthiques. À noter : un chapitre particulièrement intéressant sur la « barbarie technique » (la langue réduite à la communication utilitaire), critique de l’information managériale et de la dépossession « de la réalité du langage de l’homme à l’ère du numérique ».