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L’enquête

Saint-Gobain : Un déménagement pensé quatre ans en avance

L’enquête | publié le : 12.09.2017 | Rozenn Le Saint

Le leader de la chimie a fait appel à un cabinet de conseil spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux pour anticiper les inquiétudes face au changement, liées à son projet de rassemblement de 2 500 salariés dans une nouvelle tour de La Défense en 2019. Le chantier démarre ce mois.

La première réunion d’échanges avec les partenaires sociaux a eu lieu en septembre 2015. Deux ans plus tard, les premières pierres de la nouvelle tour de 42 étages, qui regroupera les 2 500 salariés du siège éparpillés en Ile-de-France (La Défense, La Villette, Aubervilliers, etc.), sont posées, puis un étage par mois sortira de terre. Jusqu’à ce que le déménagement soit terminé, au deuxième semestre de 2019. C’est ce qui s’appelle s’y prendre en avance : car « au-delà du déménagement, des conditions de travail et de confort différentes seront offertes, davantage collaboratives, transversales, avec un nouveau style de management », précise Régis Blugeon, directeur des ressources humaines France du groupe Saint-Gobain.

L’étude d’impact du déménagement réalisée en collaboration avec la RATP a révélé qu’une centaine de personnes seulement auront davantage de temps de transport pour rejoindre les nouveaux locaux. Alors l’entreprise s’est surtout penchée sur les autres formes de résistances au changement qui auraient pu émerger, notamment de la part du personnel déjà installé à La Défense, qui travaillait en majorité dans des bureaux individuels alors que sur les autres sites, 60 % à 80 % des espaces de travail étaient déjà partagés. « Nous avons souhaité nous préparer de façon participative au changement pour que l’arrivée dans les nouveaux locaux se passe en toute sérénité », commente Régis Blugeon.

Quatre phases

Pour délier les langues, Saint-Gobain a fait appel au cabinet Empreinte Humaine, spécialisé dans la promotion de la qualité de vie au travail et la prévention des risques psychosociaux, qui a déployé une méthodologie en quatre phases. Dans un premier temps, ses experts ont rencontré les services RH et du management pour prendre connaissance du projet. Dans un deuxième temps, durant l’été 2016, ils ont réalisé des entretiens individuels avec 60 salariés, un échantillon représentatif du personnel concerné par le déménagement.

Puis ils ont livré leur analyse aux différentes entités, au comité opérationnel responsable du projet, ainsi qu’à l’autre comité ad hoc, où siège une cinquantaine de représentants du personnel, élus au comité d’entreprise (CE) et au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) des différents sites concernés. « Seuls les représentants locaux ont été entendus alors que la réorganisation du travail avec cette logique de bureaux dépersonnalisés appelait à une réflexion d’ordre national », regrette Christian Durieu, coordinateur CFE-CGC du groupe Saint-Gobain. Enfin, Empreinte Humaine continue le suivi auprès du comité opérationnel et livrera les résultats d’une deuxième étude, toujours basée sur les entretiens d’un échantillon de personnel, au troisième trimestre de 2017.

Déjà, la première enquête a permis de faire remonter les craintes concernant les postes, attribués ou non. « Nous avons dialogué et nous continuons à dialoguer avec les salariés et leurs représentants en leur disant, entre autres, que les espaces de travail partagés comprendront 15 à 20 personnes maximum, que les personnes sédentaires auront leur poste de travail attitré et que chacun travaillera dans un quartier spécifique, déterminé par métier. Ce sera le cas des itinérants quand ils seront au siège », rapporte le DRH.

Des salles de réunion permettront de garantir la confidentialité des entretiens dans les services RH et juridiques, modulables selon le nombre de personnes. L’offre de restauration, les espaces de parking pour voitures et deux roues sont aussi prévus, et même pour vélos électriques. Une option qui n’était pas proposée auparavant : la direction n’y avait pas pensé de prime abord. Des aménagements prévus à la suite des remontées lors des quatre réunions qui ont eu lieu en tout avec les représentants du personnel en CE et CHSCT. Et comme la plupart d’entre eux peinaient à lire les plans dessinés sur papier, des visites ont été programmées sur des sites dont l’organisation se rapproche de la future tour, chez Total, BNP-Paribas ou Engie, notamment. Un pavillon témoin a également été monté et des systèmes de réalité virtuelle ont été mis à disposition pour que les salariés se projettent concrètement.

Repères

Secteur

Chimie.

Effectifs (France)

40 000 (170 000 dans le monde).

Chiffre d’affaires (2016)

39,1 milliards d’euros (dont 25 % en France).

Auteur

  • Rozenn Le Saint