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Sur le terrain

Prévention : Socomec implique les opérateurs face au risque TMS

Sur le terrain | publié le : 05.09.2017 | Mathieu Noyer

L’entreprise de matériels électriques a saisi l’occasion de la redéfinition de sa politique de gestion-prévention des risques pour donner une place croissante aux équipes de proximité sur le sujet des troubles musculosquelettiques.

Cibler les priorités, accroître l’implication des opérateurs, vérifier la conformité aux objectifs à toutes les étapes : ces principes ont guidé l’entreprise Socomec dans l’ajustement de sa politique de prévention des troubles musculosquelettiques (TMS). Groupe familial basé à Benfeld (Bas-Rhin), Socomec exerce une activité de conception et de fabrication de matériels électriques, riche en travaux répétitifs et/ou de force. Établie il y a plus de dix ans, la cartographie des postes en a identifié 300 à 350 « à risque », sur un effectif de 1 400 salariés en Alsace, dont la moyenne d’âge augmente de surcroît, par l’effet du faible turn-over.

Or, en 2014, l’application de la démarche TMS Pro, outil d’accompagnement des Carsat en quatre étapes – détection des risques, analyse, actions de résorption et évaluation – a mis en évidence certaines limites. « En réalisant une cartographie des postes, nous voulions éviter de partir dans tous les sens… mais c’est quand même ce qui s’est produit dans une certaine mesure », constate Mylène Obringer, responsable HSE de Socomec France.

Le travail de « recadrage » a été entrepris à partir de 2015 et il s’est surtout concrétisé depuis l’an dernier. Il se décline en cinq points principaux. Un tableau de bord, fondé sur le référentiel de TMS Pro, a amélioré le suivi et le partage des indicateurs.

Des mises à jour accélérées

La cartographie des postes demeure la référence, mais son actualisation a été transférée du service HSE aux équipes opérationnelles, plus particulièrement les managers de proximité. « Cela permet d’accélérer la mise à jour, ce qui est nécessaire tant les postes évoluent vite », commente Mylène Obringer. Un plan de communication commun a été bâti dans le but que tous les services atteignent les mêmes objectifs. Des priorités ont été fixées pour la révision des postes afin d’en améliorer l’ergonomie.

Le rôle des opérateurs a été conforté dans la procédure, préexistante, de prise en compte du risque TMS lors de l’acquisition d’un nouvel équipement de production. Au stade de la définition du poste, le service HSE passe en revue les contraintes – lourdeur des charges, hauteur, gestes et déplacements… – et les restitue aux utilisateurs futurs, de façon très visuelle par le biais d’une maquette. La réception de la machine chez le fournisseur s’effectue avec les opérateurs afin qu’ils repèrent des points problématiques très concrets : un bouton trop dur, un casier difficile à ouvrir, une visseuse trop éloignée du poste… Certaines opérations de montage sont simulées. Un réglage définitif s’effectue à l’étape suivante de réception dans les ateliers de Socomec, sur la place nécessaire pour les jambes, la hauteur, l’éclairage, le nombre de charges de plus de 5 kg, etc. Une fois l’équipement en place, un processus d’amélioration continue s’enclenche sur les îlots de travail.

Présent dans toutes ces actions, l’outil TMS Pro a formé les salariés à l’analyse des risques pour la cotation des postes. « L’échange d’expériences qu’il prévoit a permis de puiser de bonnes idées auprès d’autres entreprises ou de secteurs différents, comme les crèches », ajoute Mylène Obringer.

La révision s’est opérée parallèlement à la mise en place du lean management… qui aurait pu en annihiler les effets. « Au contraire, le lean s’est accompagné d’une bonne démarche de prise en compte des risques TMS. En tant que représentants du personnel, nous sommes en mesure d’ajuster un projet quand nous identifions des détails à améliorer, voire de le stopper. Et nous sommes bien associés au debriefing hebdomadaire des services sur le lean, qui aborde les questions de sécurité et d’ergonomie », commente Pascal Kugler, secrétaire (CFE-CGC) du CHSCT.

Au final, l’entreprise accélère l’aménagement des postes : 65 ont été concernés en 2016, après 40 en 2015. Elle a mis en place depuis deux ans une déclaration des presqu’accidents. Quant à ses statistiques d’accidents, elles se stabilisent à bas niveaux : taux de fréquence entre 10 et 13 depuis 2013 au lieu de 20,4 en 2010, taux de gravité entre 0,2 et 0,3. Pour les maladies professionnelles déclarées, hormis un point bas à 4 il y a deux ans, le nombre oscille depuis quatre ans entre 11 et 18.

Auteur

  • Mathieu Noyer