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Canada : Les entreprises forestières à l’épreuve de Trump

Sur le terrain | International | publié le : 05.09.2017 | Ludovic Hirtzmann

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Canada : Les entreprises forestières à l’épreuve de Trump

Crédit photo Ludovic Hirtzmann

Washington a imposé des taxes depuis ces dernières semaines aux producteurs de bois du Canada, obligeant les sociétés à réduire leurs effectifs. Dans ce secteur, le protectionnisme américain a déjà des conséquences sur l’emploi et l’organisation du travail.

La Confédération canadienne a célébré ses 150 ans le 1er juillet, mais les producteurs forestiers ne sont pas à la fête. Washington a imposé des taxes sur les exportations de bois d’œuvre du Canada vers les États-Unis par deux fois, en avril et en juin. Le total des taxes varie selon les provinces de 17,4 % à 30,8 %. Un coup de massue pour les bûcherons canadiens. L’industrie de la forêt est à la fois symbolique et vitale pour des régions rurales souvent sans autres ressources. Le professeur Gilbert Gagné, spécialiste des questions liées au bois d’œuvre à l’université Bishop de Sherbrooke (Québec), confie : « L’impact économique est considérable, puisque les exportations annuelles canadiennes (de bois) aux États-Unis comptent pour environ 10 milliards de dollars canadiens (6,8 milliards d’euros) et 34 % du marché américain », ce qui entraîne « un nombre considérable de mises à pied ». Selon le ministère des Ressources naturelles du Canada, les emplois liés à la forêt (production, pâtes et papiers…) représentaient 296 000 personnes en 2015. Chez Tembec, l’une des grandes entreprises forestières canadiennes, la vice-présidente des ressources humaines, Linda Coates, assure que son entreprise n’a procédé à aucun licenciement pour l’instant, mais qu’elle « continue de suivre la situation et les marchés de très près ».

Mises à pied

S’il est encore trop tôt pour en déterminer le nombre, plusieurs scieries, s’attendant à une baisse de leur production, ont déjà entamé des mises à pied. Il y a quelques semaines, le syndicat canadien Unifor estimait qu’environ 25 000 emplois pourraient être perdus si Washington impose des droits de 24 % sur le bois d’œuvre. C’est désormais le cas. Plus que tout « c’est la situation actuelle qui plane au-dessus de l’industrie, avec l’imposition de droits compensateurs de la part des États-Unis et le protectionnisme qui engendrent l’incertitude », confie Karl Blackburn, le directeur principal des Affaires publiques de Résolu, une forestière qui emploie 8 000 personnes dans 18 usines, essentiellement en Ontario et au Québec. Karl Blackburn explique qu’en avril, lors de l’imposition des premières taxes par Washington, son entreprise, plutôt que de licencier, a préféré réduire de trois à deux les quarts de travail pendant quelques semaines. Le groupe forestier Lebel a aussi réduit ses quarts de travail et sa production d’environ 20 %. Interrogé par le journal La Terre de chez nous, le directeur des approvisionnements de l’entreprise, Normand Simard, précise : « Nous avons décidé de fermer des quarts de travail et des lignes de production. Plusieurs de nos employés attendent chez eux. » Car au Canada, il n’existe pas de chômage partiel. L’expérience du passé n’augure rien de bon. Des conflits forestiers similaires avec les États-Unis ont eu lieu dans les années 1980, 1990 et 2000. Plus de 400 scieries canadiennes auraient fermé entre 2004 et 2009, lors du dernier conflit. Enfin, la hausse récente du dollar canadien face au dollar américain et la hausse prochaine des taux d’intérêt canadiens pèseront négativement sur le marché de la construction (les maisons sont en bois au Canada).

Depuis les années 2000, les forestières ont réduit leur dépendance envers Washington. Les exportations de bois d’œuvre vers les États-Unis passant de 80 % en 2004 à 58 % en 2010 (derniers chiffres disponibles), principalement grâce à la Colombie britannique (CB). Gilbert Gagné précise : « La CB est moins tributaire du marché américain depuis ces dernières années. Elle déplace en partie ses exportations vers l’Asie. » Mais la marge de manœuvre des forestières du Québec et de l’Ontario, très éloignées des marchés asiatiques, est plus mince. Les exportations vers la Chine ont été presque multipliées par 20 durant la dernière décennie. Pour éviter de licencier leurs bûcherons, les sociétés canadiennes ont entrepris une diversification des activités. L’entreprise forestière québécoise Becar transporte désormais des copeaux de bois. Le gouvernement du Québec a attribué 45 millions de dollars canadiens pour améliorer la formation des salariés dans de nouvelles écoles et accélérer le partenariat avec des instituts de recherche. Pour les Canadiens, le seul espoir passe par une meilleure productivité.

Dans les médias

RADIO-CANADA. Le travail de nuit favorise l’obésité

Le travail de nuit favoriserait l’obésité selon une étude menée par l’université de Montréal auprès de 1 500 travailleurs de nuit des mines de l’Ontario. Le manque de sommeil et les repas à horaires décalés mèneraient à une prise de poids. Radio-Canada, 22 août 2017. Site Web de la Radio-télévision publique – www.radio-canada.ca

LE DEVOIR. Des permis de travail aux clandestins

Le Québec fait face à un afflux sans précédent de clandestins, Haïtiens pour la plupart, fuyant les États-Unis de Donald Trump. Plus de 3 000 ont franchi la frontière entre le Québec et les USA en juillet. L’étude de leurs demandes d’asile prend des années. Pour que ces réfugiés ne dépendent pas uniquement des aides publiques, Ottawa a ouvert la porte à la délivrance de permis de travail temporaires aux migrants. Le Devoir, 24 août 2017. Quotidien montréalais indépendantiste – www.ledevoir.com

Auteur

  • Ludovic Hirtzmann