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L’enquête

Pôle emploi : De conseiller à chef de projet numérique

L’enquête | publié le : 29.08.2017 | R. L. S.

L’administration lance des appels à projets pour susciter des vocations d’intrapreneurs amenés à quitter leur poste pour développer des services innovants.

Il est passé de conseiller Pôle emploi à Hayange (Moselle), à chef de projet d’une start-up interne. Dans son agence, située proche de la frontière, Éric Barthélémy aidait les chômeurs à trouver un poste au Luxembourg. « Des demandeurs d’emploi souhaitaient envoyer des candidatures spontanées et me demandaient quelles entreprises seraient les plus réceptives. Les aider individuellement prenait un temps fou et ça ne les incitait pas à s’autonomiser. J’étais persuadé qu’une solution numérique permettrait de déceler les offres d’emplois cachés », retrace le quadragénaire.

Quand en 2015, Pôle emploi lance son appel à projets sur le thème des solutions numériques pour supprimer les irritants, son projet “La bonne boîte” fait partie de la vingtaine d’idées retenues. Il reçoit l’aide d’un développeur et d’un coach agile, afin de concrétiser l’idée qu’il a en tête et de préparer son pitch. En trois minutes, il a convaincu la direction générale : son projet a été l’un des deux retenus au final.

Le but de “La bonne boîte” ? Créer une application avec des algorithmes qui repèrent quand les entreprises recrutent pour savoir quel est le meilleur moment pour envoyer une candidature spontanée. « L’intrapreneuriat permet de tester des nouveautés auxquelles nos directions n’auraient pas pensé. Les conseillers sont bien placés pour repérer les irritants et imaginer comment les résoudre », assure Misoo Yoon, directrice générale adjointe de Pôle emploi, en charge de l’offre de services.

À la clé pour l’heureux élu, une aide de trois autres agents, un détachement de son poste de conseiller, une prime au bout de dix-huit mois, une promotion, une montée en compétences, un projet stimulant à mener… Sans la partie risque financier ou autre que comporte le lancement d’une entreprise, ni un changement trop brutal de son mode de vie. « Une de mes craintes était que mon quotidien soit chamboulé. J’avais deux enfants à l’école primaire, je ne souhaitais pas partir vivre à Paris. Finalement, il n’a pas changé tant que cela », témoigne Éric Barthélémy. Il passe un jour par semaine à la capitale pour travailler avec les trois autres agents dévolus à son projet et échanger avec les autres intrapreneurs, « de manière à se donner des astuces pour avancer », indique-t-il.

Si le projet lui assure du travail jusqu’à fin 2017 au moins, il ne craint pas le retour dans son département d’origine. « Mon ancienne hiérarchie m’a fait savoir que le jour où ma mission d’intrapreneur s’arrêterait, elle aurait besoin des compétences que j’ai acquises en tant que chef de projet, non pas forcément pour développer un nouveau service, mais une organisation du travail innovante, par exemple », se rassure-t-il. « Les intrapreneurs conservent leur statut d’origine car ils sont susceptibles d’y revenir mais en réalité, ils développent des compétences de coach agiles, qui sont rares en interne. Ils sont également capables de manager, cela leur permet de progresser dans leur carrière », confirme Misoo Yoon.

Culture de l’innovation

Depuis, deux autres start-up internes ont été lancées. Comme « La bonne formation », en 2016. Le service se veut une sorte de TripAdvisor de la formation : l’application permet de savoir qui finance tel ou tel cursus, combien de demandeurs d’emploi l’ont suivi et comment ils l’ont noté, de manière à améliorer le ciblage des formations, en fonction de leur efficacité en termes de retour à l’emploi. Plus globalement, « le programme d’intrapreneuriat vise à développer la culture de l’innovation et à montrer aux agents que les bonnes idées et la créativité sont reconnues. Cela crée beaucoup d’émulation, c’est un enjeu RH important ». D’ailleurs, les collègues de l’agence d’Hayange se sont prêtés au jeu des challenges suivants… En espérant devenir intrapreneurs, eux aussi.

Repères

Activité

Service public.

Effectif

54 000 collaborateurs

Auteur

  • R. L. S.