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Sur le terrain

Prévention : Pyramid dans le cercle vertueux du manuel Mase

Sur le terrain | publié le : 18.07.2017 | Vincent Charbonnier

Engagée dans une démarche d’amélioration de sa sécurité avec le référentiel Mase, cette entreprise ligérienne de travaux spéciaux a vu ses arrêts de travail diminuer significativement au terme de la première année de mise en œuvre.

Spécialisée dans le confortement d’ouvrages, dans les fondations spéciales, les parois clouées et les ouvrages de soutènement, la PME Pyramid s’est glissée presque « naturellement » dans le Manuel d’amélioration sécurité, santé et environnement des entreprises (Mase). La direction de cette société de 60 personnes (intérimaires compris), située au Chambon-Feugerolles, dans la Loire, a opté pour cette démarche plutôt que pour une certification ISO plus formatée et contraignante.

Une labellisation indispensable

« Cette démarche globale, intelligente, selon Bruno Faure, part de l’existant, de ce qu’est la sécurité dans l’entreprise. » Pragmatique, elle émane de professionnels réunis au sein d’une association. Sensibilisé par la fédération du BTP de la Loire dont il est administrateur, le patron stéphanois est aussi convaincu du caractère quasi inéluctable de cette labellisation, qui « risque, estime-t-il, de devenir obligatoire pour travailler avec les grands donneurs d’ordre ».

Sans être confrontée à une typologie d’accident particulière, mais à une diversité de situations « qui touchent tout le monde », Pyramid s’est approprié aisément le référentiel Mase. L’information sur les presque accidents apposée sur les panneaux d’affichage du personnel a été complétée par l’envoi de mails personnalisés à tous les salariés, précédés de textos signés du chef d’entreprise, de manière à toucher toutes les générations, les plus jeunes salariés étant plus sensibles aux messages numériques.

Cette communication est plus efficace et sensibilise tout le personnel aux multiples accidents du quotidien « qui n’arrivent pas qu’aux autres », tel ce collègue s’endormant au volant de son véhicule sur l’autoroute. Des quarts d’heure sécurité ont également été instaurés sur les chantiers. « Cela permet aux gens de s’exprimer, de faire baisser le stress », reconnaissent des employés.

L’entreprise s’est organisée. Trois chargés de prévention ont été nommés, dans trois secteurs différents. L’un est en poste dans les bureaux, le deuxième est un chauffeur routier qui passe sur tous les chantiers. Le troisième est l’ingénieur qui s’occupe du livret d’accueil de la société : du fait de sa bonne connaissance de tous les métiers de l’entreprise, il est à même de bien identifier ses problématiques de sécurité.

Des engagements annuels

Les résultats obtenus sont significatifs : les arrêts de travail ont diminué de 29 % alors que l’activité de la société a bondi de 41 % en 2016. « L’avantage de Mase, c’est qu’il n’y a pas d’objectif irrationnel », poursuit Bruno Faure. Chaque année, il signe une lettre d’engagement. « Par exemple, en 2017, nous nous sommes fixé comme objectif une diminution de 10 % des accidents du travail. » Autre engagement cette année : l’amélioration de l’hygiène sur les chantiers qui contribue à leur bon déroulement et a un impact sur la perception de l’entreprise à l’extérieur, sur ses clients. En homme de communication qu’il est par ailleurs – Bruno Faure possède une agence de communication –, il apprécie cet apport de la sécurité en termes d’image et de performance. « En optimisant la sécurité, j’ai gagné en productivité », souligne-t-il. Mais le coût de cette démarche est difficile à chiffrer, selon lui. Il estime qu’il n’y a pas de coût financier direct mais un temps de travail affecté. Un poste de chargé de prévention représente un quart de temps : « Ce n’est finalement pas si lourd pour une entreprise comme la nôtre », convient-il – soit entre 10 000 et 15 000 euros par an.

Cela amène aussi à « regarder différemment » les achats de matériel qui concourent « à un bon management de la sécurité ». En 2016, Pyramid a investi 3 millions d’euros dans des matériels neufs. Un budget conséquent par rapport à son chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros.

Soutenues par l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics), ces actions de prévention s’intègrent bien à la démarche d’amélioration continue promue par Mase. « On intervient en amont », affirme Catherine Devidal, chef d’agence Auvergne Rhône-Alpes de l’office de prévention. Le chef d’entreprise stéphanois a en quelque sorte capitalisé sur ce qui avait été mis en place d’un commun accord. La sécurité n’est plus considérée comme une contrainte mais participe de la « performance globale, et pas seulement économique de l’entreprise », assure Catherine Devidal. Comme en témoignent d’autres études de cas compilées mensuellement par l’OPPBTP. « C’est un cercle vertueux », certifie Bruno Faure.

Auteur

  • Vincent Charbonnier