EMBAUCHE PENDANT DIX MOIS chez un sous-traitant aéroportuaire pour les besoins de sa thèse, le sociologue Fabien Brugière publie les résultats de son travail sur les effets de la sous-traitance sur les conditions de travail des ouvriers de piste. Avec la libéralisation du transport européen, les compagnies aériennes cherchent à « optimiser les coûts de main-d’œuvre en externalisant leurs activités, mais aussi à accroître la rotation des avions », note le chercheur. Une stratégie de « flux tendu » qui se répercute sur les sous-traitants, et sur les ouvriers. De son vécu et de son étude chez Superamp, un prestataire, Fabien Brugière tire un récit édifiant : précarité du personnel (un tiers d’intérimaires chez ce prestataire !), horaires flexibles et décalés, concurrence entre les anciens et les jeunes, chasse aux pauses… Dans un secteur bousculé par la concurrence, le sociologue fait part de sa crainte de voir le modèle se propager chez Air-France : « Les inégalités de statut d’emploi au sein des sociétés sous-traitantes ont fragmenté le groupe des ouvriers, et affaiblissent les solidarités syndicales, au détriment des précaires », constate-t-il.