En plein débat sur la réforme du Code du travail, voici une lecture conseillée pour comparer la montée des inégalités au travail, en France et à l’international. Quelle est l’ampleur du fossé qui s’est creusé entre les salariés très diplômés et ceux faiblement qualifiés ? Est-il souhaitable d’assouplir le droit du travail pour préserver l’emploi des plus fragiles ? Dans ce livre de macro-économie, Grégory Verdugo, chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) atteste, études à l’appui, de la réalité de la montée des inégalités au travail en France et en décrypte les causes : disparition des emplois intermédiaires sous l’effet de la mondialisation (l’exemple de la disparition d’emplois d’ouvriers face à la concurrence chinoise, éclairant), inégalités salariales face au diplôme, influence des syndicats et des politiques du travail… Sur ces points, son avis est intéressant : pesant le pour et le contre d’un Smic élevé en France, suspecté de freiner l’embauche, il conclut néanmoins qu’il permet d’atténuer les inégalités salariales « dans le bas de la distribution ». Autrement dit, des moins qualifiés. Quant à savoir s’il est souhaitable, à l’instar d’autres pays, de permettre aux entreprises de déroger aux accords de branche pour baisser le coût du travail et maintenir l’emploi, l’auteur s’avoue sceptique, soulignant que « la forte centralisation de la négociation collective dans un pays est favorable aux bas salaires et diminue les inégalités ». À supposer qu’une telle réforme génère de l’emploi, « ils devraient surtout être peu qualifiés, et la polarisation s’accentuerait encore », estime l’économiste.