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Sur le terrain

Retour sur… Le conseil RH et management low cost

Sur le terrain | publié le : 20.06.2017 | Gwenole Guiomard

Depuis les années 2010, se développe en France le conseil en management et en ressources humaines « accessibles », pour ne pas dire low cost. Aujourd’hui, une vingtaine de cabinets se positionnent sur ce marché en forte expansion. Son avantage : proposer des services de qualité à moindre coût avec une ristourne pouvant atteindre – 70 %.

Le low cost est aussi arrivé dans le monde du conseil en management et en ressources humaines. « C’est même tout à fait accepté par les DRH, commente Bénédicte Ravache, la secrétaire générale de l’ANDRH, association nationale des directeurs de ressources humaines. Si le service est innovant, de qualité, il n’y a pas de raison de s’en priver. »

Pour les spécialistes du conseil en management et en ressources humaines, l’arrivée de ces cabinets bon marché date de la fin des années 2000. Avec la répétition des crises économiques (2000, 2008, 2012), un créneau a vu le jour. « Je date leur arrivée des années 2010, précise de son côté Jean-Baptiste Hugo, auteur du Guide du conseil en management. Aujourd’hui, j’en comptabilise une petite vingtaine. »

En 2014, ils n’étaient qu’une demi-douzaine. Il s’agit de sociétés comme Third bridge, comme le spécialiste en étude de rémunération Primeum, Hopwork, Devbooking, One man support, Xperts Council, Whoz, Needeo, Colibee ou LVDH (La voie des hommes). Chacun de ces conseils est particulier mais tous offrent des prestations d’expertise sectorielle (banque, bien de consommation) ou fonctionnelle (achat, marketing, ressources humaines). « Notre but est de pouvoir offrir à nos clients des organisations alternatives et obtenir des résultats supérieurs ou égaux aux cabinets traditionnels, précise Pierre Smilovici, fondateur et associé de LVDH, un réseau mêlant 34 associés et 350 consultants indépendants.

Tarifs attractifs

Ces sociétés se développent en misant sur les points faibles des principaux leaders du secteur. Le prix tout d’abord. Dans ces plateformes, les charges fixes sont faibles. Environ 8 % du CA pour une société comme LVDH. « Cela permet de proposer des tarifs trois fois moins élevés que nos concurrents, explique Arnaud Sourisseau, fondateur de One man support (plateforme de 250 consultants indépendants spécialisés en stratégie). Dans nos métiers, un consultant senior facture 3 000 euros la journée alors que nous proposons 900 euros pour la même durée… » D’autant que les tarifs des leaders du marché comme BCG ou Accenture sont croissants. « Un junior est facturé 800 euros HT la journée, confirme Jean-Baptiste Hugo. Les expérimentés perçoivent jusqu’à 3 000 euros la journée alors qu’un indépendant peut descendre en dessous des 1 000 euros par jour. » En matière de facturation, les low cost rivalisent aussi d’inventivité. Certains imaginent une facturation liée à la création de valeur induite par le conseil. « On pourrait ainsi se partager les résultats de notre travail », estime Pierre Smilovici de LVDH.

Ces plateformes sont aussi plus souples que les organisations traditionnelles. Dans un cabinet haut de gamme, le client doit traiter avec une équipe de consultants (souvent un minimum de trois) sur une durée plancher. Les plateformes proposent, elles, une activité à la carte, du temps partiel, des missions courtes, du travail en solitaire ou en équipe. Cela offre une certaine souplesse avec un besoin d’un spécialiste d’un domaine. Certaines structures comme Katalyse (25 salariés permanents et 40 consultants indépendants) se sont mêmes spécialisées dans la petite et moyenne entreprise (PME). « Nous proposons alors une méthodologie conçue pour les sociétés de cette taille », précise Jean-François Lécole, le dirigeant. Nous rendons donc accessible le conseil à des clients ne pouvant pas se permettre de financer des audits de Bain ou McKinsey ».

Consultants expérimentés

Les spécialistes de ces experts en réseau ou en plateforme avancent aussi le fait que leurs consultants, s’ils sont low cost, n’en sont pas moins de qualité. « Nous choisissons nos conseils de façon très sélective, rappelle Arnaud Sourisseau, le fondateur de One man support. Ils sont issus des grandes écoles et des cabinets de conseil traditionnels. Ils ont de l’expérience. » Cela finit même par convaincre les grands groupes de s’attacher ce type de service : One man support revendique un quart de son activité provenant de grands groupes.

Les sociétés de conseil low cost gagnent peu à peu des parts de marché. Mais c’est aussi en paupérisant certains consultants indépendants. Ce type d’expert est certes libre mais moins protégé. En effet, lorsqu’un d’entre eux ne travaille durant une période donnée, il n’est pas rémunéré. Il est parfois difficile de faire de la qualité dans ces conditions…

Certains cabinets tentent alors de combiner des experts en poste en contrat indéterminée et un volant d’experts indépendants dont ils assurent le niveau de vie. « Nous essayons d’avoir le beurre et l’argent du beurre », commente Jean-François Lécole, dirigeant de Katalyse.

Du côté des cabinets traditionnels, les premiers visés par l’arrivée de ces low cost, on regarde avec circonspection cette évolution du marché. Rémi Legrand, président de Consult’in France (Syntec stratégie & management, 90 membres représentant 60 % du CA d’un marché avoisinant les 8,5 milliards d’euros) et associé d’Eurogroup Consulting, considère que ces plateformes « vont surtout se développer dans le cadre de l’intérim de management ». Il pointe « des structures dont les clients ne savent pas à qui ils ont affaire. » Dans un marché du conseil en management en forte croissance du fait de la transformation digitale en cours, Michel Noiry, dirigeant de Origa consulting et membre de Consult’in France, explique que « ces sociétés mordent peu sur le marché et ne décollent pas vraiment. Le marché français est très centralisé et consacré aux grandes entreprises. Ceci précisé, conclut-il œcuméniquement, si ces plateformes se développent, je n’y vois que des avantages. Le marché dans les PME reste à créer. S’il s’ouvre grâce à ces consultants, un peu comme l’a fait Michael Page pour le recrutement, on sera très content. Cela permettra de diffuser du conseil dans des organismes et entreprises qui les utilisent très peu aujourd’hui ».

Auteur

  • Gwenole Guiomard