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L’enquête

Alain Ragot directeur général du cabinet RHEXIS

L’enquête | L’interview | publié le : 20.06.2017 | L. G.

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Alain Ragot directeur général du cabinet RHEXIS

Crédit photo L. G.

« Démontrer la performance de la formation devient la priorité »

Selon vous, une priorité pour la majorité des responsables formation est de démontrer à leur direction la contribution de la formation à la performance globale. Sur quoi basez-vous ce constat ?

Sur le fait que c’est la réponse de plus de la moitié (54 %) des 203 DRH et responsables formation interrogés par notre cabinet pour notre baromètre management de la formation*, étude divulguée mi-mai. Et si on ajoute à cela les réponses affirmant que la question est « assez importante », on culmine à un total de 88 % ! Une seule autre thématique mobilise davantage les spécialistes interrogés : le fait de mieux accompagner les managers dans le développement des compétences de leurs équipes. Cet objectif très classique revêt toujours une très grande importance pour 62 % des répondants, et si on y ajoute les « assez important », on arrive à un total de 95 % des avis.

Cet enjeu de la preuve de la performance devient tel que le fait de « mieux répondre aux attentes et demandes des salariés » passe au second plan ! « Seuls » 39 % des répondants qualifient ce point de très important, 53 % le jugeant « assez important ».

Comment expliquer ce constat ?

Le contexte est porteur pour la fonction formation, car le développement et l’actualisation des compétences sont de plus en plus perçus comme avantages différenciants pour la performance ; et la réforme de 2014 a libéré le service formation de l’obligation de dépense, faisant de la formation, plus que jamais, un investissement. En 2017, la part des responsables formation et responsables RH qui anticipent un renforcement du rôle de la fonction formation augmente même de 2 points, à 57 %.

L’évolution la plus notable, selon nous, est la progression de la mission administrative, qui est jugée assez ou très importante par 77 % des responsables interrogés, et qui est en progression de 9 points par rapport à 2016. Sans qu’on assiste à une explosion de la contrainte administrative, les aspects gestion reviennent fréquemment et de façon croissante parmi les préoccupations des RF/RH. La réforme, censée simplifier la gestion administrative de la formation, ne semble donc pas avoir tenu toutes ses promesses. Au contraire, le dispositif du CPF ainsi que la nécessité de mieux tracer les actions de formation se traduisent par une charge administrative accrue.

Les responsables formation jugent-ils avoir les moyens de ces missions ?

Ils témoignent d’une insatisfaction croissante vis-à-vis de leurs moyens et de leur adéquation : 51 % trouvent leur effectif insuffisant (+ 14 points), 55 % sont insatisfaits de leur système d’information (+ 4 %), et la moitié (+ 5 %) se plaignent d’une charge administrative trop élevée par rapport aux enjeux qu’ils ont à traiter. Une part croissante des RF/RH peinent donc à trouver les moyens de se concentrer sur leurs missions à haute valeur ajoutée : efforts à fournir pour mobiliser les managers, dont l’implication est jugée insuffisante. Face à cette problématique, l’externalisation de la gestion s’avère une solution pertinente pour un peu moins d’une entreprise répondante sur cinq qui en a déjà fait le choix. Et la tendance est à la hausse : parmi celles qui ne l’ont pas fait, 31 % jugent que l’externalisation pourrait répondre à leur problématique, soit 5 points de plus qu’en 2016. La fonction formation se renforce, mais avec des moyens qui ne suivent pas toujours.

Outre l’externalisation, votre étude met en avant deux choix pédagogiques dans la recherche de performance de la formation ? Pourquoi ?

En effet, la progression des formations en distanciel (e-learning, classes virtuelles…) se confirme : 63 % des répondants envisagent d’en développer les différentes modalités en 2017, contre 56 % en 2016. L’évolution est particulièrement nette dans les entreprises de plus de 1 000 salariés : les trois quarts des responsables formation de ces groupes pensent réduire la part du présentiel cette année, contre les deux tiers en 2016. Elle est également très puissante dans le secteur du commerce (86 % d’avis en ce sens, soit + 22 points par rapport à 2016) et celui de la banque/assurance (84 %). La plupart des études confirment ce constat de développement du distanciel et du numérique dans la formation. Selon l’enquête e-doceo/ISTF réalisée en 2017 sur le digital learning, le distanciel a progressé de 7 points en 2016 dans les pratiques des entreprises.

L’évolution pédagogique est le recours aux formations internes continues. Lui aussi progresse, même si c’est dans des proportions moindres : les trois quarts des répondants souhaitent y recourir davantage (+ 2 points). Les attentes dans le secteur du commerce sont particulièrement fortes, puisque 95 % des répondants de ce secteur souhaitent y recourir davantage.

Comme l’année passée, nous y voyons la marque, certes, d’une préoccupation budgétaire, mais aussi d’un renforcement de la place du responsable formation dans son rôle d’ingénierie. Au total, ces deux évolutions témoignent d’une réelle recherche d’efficience dans la fonction formation.

* 203 DRH, responsables et collaborateurs des services formation ont répondu à un questionnaire en février-mars 2017.

Auteur

  • L. G.