L’agenda politique et médiatique n’est pas celui des RRH. C’est la première chose qui frappe à la lecture de notre sondage « RRH, qui êtes-vous ? » La mise en œuvre d’un accord de compétitivité, d’un accord de maintien dans l’emploi, d’un PSE ou d’un plan de départs volontaires, en général bien relayée par les politiques et les médias, ne concerne pas plus de 6 % des RRH.

Il en est de même des dossiers « sociétaux » : l’accompagnement des salariés aidants, la gestion du fait religieux, le contrôle de la compliance, l’accompagnement des salariés souffrant d’addiction et la lutte contre les incivilités sont des sujets pour moins de 22 % des RRH. La mise en place du télétravail, poussée par les gouvernements et les partenaires sociaux, ne concerne que 26 % des RRH. « Il y a un décalage entre ce que les médias disent des RH et la pratique des RH dans les entreprises », constate Jean-Paul Charlez, président de l’ANDRH, DGRH d’Etam. En 2017, le quotidien des RRH est d’abord la GPEC pour 71 % d’entre eux. Pas l’obligation triennale de négocier mais « la gestion individuelle et collective des compétences des salariés », explique Jean-Paul Charlez. « Dans les petites entités, la GPEC fait encore sens pour les RRH, analyse Jean Pralong, professeur de GRH à Neoma business school. C’est le remplacement des partants, une manière de stabiliser les compétences, de toujours disposer d’un plan B. » Plus généralement, la mise en œuvre de nouveaux processus (recrutement, entretiens annuels et professionnels…) est l’actualité de 68 % des RRH.

Les autres dossiers qui occupent nombre de RRH relèvent de la qualité de vie au travail au sens large, de « l’intérêt porté aux salariés pour améliorer leur bien-être et contribuer à l’activité de l’entreprise », explique le président de l’ANDRH. Il peut s’agir d’actions en faveur de l’égalité hommes-femmes (citées par 48 % des RRH) ; de l’accompagnement de la digitalisation des métiers (45 %), de celui des salariés en arrêt de longue durée (42 %), de la mise en place d’une politique d’amélioration de la santé des salariés (42 %) ou de la fidélisation des talents (41 %).

Si l’accompagnement des salariés est l’actualité des RRH, l’accompagnement des managers est leur grand enjeu pour les prochaines années, qu’il s’agisse du développement des compétences managériales (cité par 50 % des RRH) ou de l’accompagnement des managers dans leurs missions RH (37 %). « Les managers sont en général promus sur leur technicité dans leur domaine et pas sur leurs connaissances en RH ou sur leurs compétences en management, relève le président de l’ANDRH. Il est donc pertinent que les RRH accompagnent les managers pour les aider à progresser. » Le transfert de responsabilités RH vers les managers trace une ligne entre les moments où le RRH doit conseiller (sur la formation par exemple) et ceux où il doit décider (sur la santé au travail notamment). Les autres enjeux des RRH pour les années à venir sont l’attraction et la fidélisation des talents (31 %), l’accompagnement des réorganisations (28 %) et l’amélioration de la qualité de vie au travail (27 %).