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États-Unis : Des chômeurs âges attaquent PWC

Sur le terrain | International | publié le : 23.05.2017 | Caroline Crosdale

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États-Unis : Des chômeurs âges attaquent PWC

Crédit photo Caroline Crosdale

La justice américaine examine une plainte en class action pour discrimination par l’âge chez PricewaterhouseCoopers (PwC). En cause, les recrutements de jeunes sur les campus universitaires au détriment des quadras.

Le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC) fait l’objet d’une poursuite judiciaire collective pour discrimination par l’âge. Deux cadres, Steve Rabin (53 ans) et John Chapman (47 ans) ont porté plainte devant la cour fédérale de San Francisco. Ils accusent PwC de « refuser les candidats de plus de 40 ans » pour des postes de débutants. Ces emplois, explique leur avocat Jahan Sagafi du cabinet Outten Golden sont réservés aux jeunes diplômés recrutés sur les campus des universités. Les plaignants invoquent une violation de la loi ADEA (Age Discrimination Employment Act) passée en 1967.

Ce n’est pas la première fois que la justice statue sur une affaire liée à l’âge des plaignants. Mais les juristes ont planché jusqu’à présent sur les dossiers de collaborateurs licenciés ou dont la promotion aurait été retardée au bénéfice d’un jeune loup. L’originalité de l’affaire PwC tient au fait que la poursuite collective se concentre sur des chercheurs d’emplois. Et met en lumière la pratique très répandue du recrutement de jeunes talents sur les campus.

Emily Nicklin, du cabinet Kirkland and Ellis, l’avocate de PwC défend fermement les virées annuelles du groupe à l’université : « C’est une pratique propre à toutes les sociétés privées de la catégorie Fortune 500, et même au gouvernement. C’est très efficace. Les entreprises trouvent sur les campus beaucoup de candidats à la recherche d’un emploi et disposant des connaissances les plus récentes. » Mais, selon la juriste, « il y a aussi des étudiants plus âgés à l’université ». Et le recrutement ne se limite pas aux campus. Les nouveaux postes ouverts sont annoncés sur Internet. Les talents de « tous âges » peuvent postuler. « Il n’y a donc pas de barrière par l’âge », conclut Emily Nicklin.

Jahan Sagafi n’est pas convaincu. L’affaire qui commence va durer de longs mois. Mais plusieurs arguments peuvent être développés, selon l’avocat. Il récolte des témoignages de recruteurs professionnels à qui les cadres de PwC auraient signifié leur préférence pour les jeunes, plus technophiles, plus malléables, moins coûteux. Il compte de même s’appuyer sur les statistiques, montrant que deux tiers des salariés de l’entreprise ont entre 20 et 39 ans. « Nous n’avons pas besoin de preuves écrites attestant que le recrutement de personnels matures est interdit si les chiffres mettent en évidence une discrimination fondée sur l’âge », assure-t-il. Son cabinet bénéficie du soutien des juristes de l’AARP, le très puissant lobby des retraités américains. Car l’affaire PwC met en lumière les difficultés des chômeurs âgés à trouver du travail. Selon la New School for Social Research, 10 % des personnes de 55 à 64 ans sont sans emploi ou seulement titulaires d’un temps partiel… quand le taux de chômage moyen est passé sous la barre des 5 %.

D’autres groupes que PwC sont poursuivis pour le même type d’affaires tels Google, le sous-traitant aéronautique Spirit Aero Systems, ou encore le fabricant de tabac RJ Reynolds. Ce dernier cas pourrait même bientôt être plaidé devant la Cour suprême… si les sages s’en saisissent.

Éviter les candidats trop expérimentés

En l’espèce, en 2007, un chômeur de 47 ans, Richard Villarreal, avait présenté en ligne une candidature pour un poste de commercial, restée sans réponse. Grâce à un lanceur d’alerte, il a alors appris que les agences de recrutement travaillant pour RJ Reynolds avaient pour mission d’éviter les candidats trop expérimentés. Entre 2007 et 2010, le groupe a embauché 1 024 personnes. Seulement 19 avaient plus de 40 ans. Les juristes de RJ Reynolds ont plaidé, et jusqu’à présent avec succès, que les postulants à certaines fonctions du groupe ne sont pas encore employés par RJ Reynolds. Leur sort ne relève donc pas de la loi ADEA, qui se concentre sur les salariés de l’entreprise. Un argument que l’on entend aussi chez PwC.

Dans les médias

WORKFORCE MANAGEMENT. Les statistiques sur les inégalités de revenus s’étoffent

L’agence gouvernementale Equal Employment Opportunity Commission s’attaque aux inégalités salariales. Au-delà du sexe et de l’origine ethnique, les statistiques que doivent fournir les entreprises de plus de 100 salariées comprendront les heures de travail et la rémunération, pour permettre de mieux identifier les disparités. Selon le Pew Research Institute, les femmes gagnent encore 17 % de moins que les hommes, et les Noirs 25 % de moins que les Blancs. 17 mai 2017, Workforce Management. Site consacré aux RH. 170 000 visiteurs par mois.

WALL STREET JOURNAL. L’usage de drogues augmente chez les salariés

La consommation de drogues chez les salariés américains est en hausse. Le laboratoire Quest Diagnostics qui a réalisé des tests d’urine sur près de 9 millions d’employés a constaté un résultat positif pour 4,2 % d’entre eux. Du jamais vu depuis douze ans. La drogue la plus utilisée est la marijuana (2,5 %), suivie par les amphétamines (1,1 %) et la cocaïne (0,28 %). Les États dans lesquelles la consommation de marijuana a été légalisée sont en pointe. Le Colorado a ainsi eu 11 % de tests positifs. 16 mai 2017, Wall Street Journal, quotidien économique.

Auteur

  • Caroline Crosdale