« Je ne me savais pas si sédentaire !, lance Évelyne Ntoutoume-Boudet, responsable comptabilité métier sur le site d’April Prévoyance à Fougères (Ille-et-Vilaine). Je viens en voiture au bureau mais, dans la journée, je vais souvent voir mes collègues ou à la machine à café. Test à l’appui, ça ne suffit pas ! À 45 ans, je dois bouger plus. » Evelyne est l’une des 140 salariés du groupe April (sur 3 800 personnes en France) qui ont participé, du 14 au 25 novembre derniers, à Objectif lune, un challenge par équipes pour favoriser la mobilité.

Sur les sites de Fougères et de Lyon de l’entreprise (dont un tiers des salariés sont sédentaires), la compétition visait à parcourir à pied la distance Terre-Lune, soit 384 400 km, en faisant un maximum de pas, podomètre à l’appui.

Résultat : l’équipe gagnante a réalisé 1,8 million de pas et l’ensemble des participants a marché plus de 16 000 km. « On n’a pas atteint l’objectif, mais ça représente tout de même un aller-retour Lyon-Sydney !, s’enthousiasme Nathalie Hassel, directrice de la fondation April qui a inspiré le projet au groupe. Avec 5,3 millions de décès dans le monde, la sédentarité est la première cause de mortalité évitable. Or, comme nous l’avait expliqué en juillet dernier, dans une conférence, le Pr Martine Duclos, chef du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand : il suffit de petits gestes pour changer la donne. Emprunter les escaliers au lieu de l’ascenseur. Se lever une fois par heure. Se réunir debout. Venir au travail à pied. »

Le message, diffusé à l’automne dans une campagne de communication interne (affichage, test d’autodiagnostic en ligne, réseaux sociaux), semble porter ses fruits. Une enquête auprès des participants montre que 76 % d’entre eux avaient augmenté leur activité pendant le challenge. C’était l’objectif. Mais, une fois l’épreuve passée, les mêmes s’engageaient à poursuivre dans cette dynamique, soit en s’efforçant de se lever régulièrement au bureau pour circuler (50 %), soit en venant au travail à pied ou à vélo (11 %), ou encore en pratiquant régulièrement un sport (11 %). « Le challenge nous a donné envie de bouger, confirme Evelyne Ntoutoume-Boudet. Un jour du challenge, j’ai même fait jusqu’à 15 000 pas ! Aujourd’hui, il m’arrive de venir à vélo, de faire des balades le week-end. Au bureau, j’organise aussi deux réunions Stand up par semaine avec mon équipe. Et puis, bien sûr, je ne prends quasiment plus l’ascenseur ! »

Dans cet effort, la responsable est aidée par la configuration des locaux, où les équipes d’April Prévoyance ont emménagé en octobre dernier. Ici, les espaces de travail sont répartis sur des demi-étages autour d’un escalier commun, avec un espace pause-café au carrefour. « Presque plus personne n’utilise l’ascenseur, assure Claude Guérin, PDG d’April Partenaires (140 personnes). Du coup, les gens se croisent et se parlent davantage. Dans le même esprit, nous avons créé une salle de réunion debout, qui favorise une ambiance de start-up. On combine communication et bien-être. On prévient la sédentarité. »

À l’automne prochain, le dirigeant organise un autre challenge mobilité sur le site. D’ici là, à l’échelle du groupe, un questionnaire évaluera à nouveau la résolution des participants. Et, mi-avril, le service RSE a lancé une campagne de lutte contre les TMS « qui intègre la prévention de la sédentarité, explique Mélissa Torres, responsable RSE. Ce sera d’ailleurs l’un des points de la formation des managers, prévue dans ce cadre. » Et sur les affiches de la campagne TMS figure la mention : « Ensemble pour lutter contre la sédentarité ».