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Sur le terrain

Retour sur… Le télétravail au Conseil départemental du Finistère

Sur le terrain | publié le : 02.05.2017 | Catherine Sanson-Stern

DÈS 2009, le département du Finistère a expérimenté le télétravail. Aujourd’hui, près de 250 agents le pratiquent un à deux jours par semaine, à domicile ou en télécentre, y compris des cadres et des travailleurs sociaux. Un exemple à suivre alors qu’un décret du 11 février 2016 en prévoit la généralisation dans la fonction publique.

Au sein du Conseil départemental du Finistère, le télétravail est entré dans les mœurs depuis plus de cinq ans : 250 personnes le pratiquent aujourd’hui sur 1 700 agents éligibles et 3 000 agents au total. Ils l’exercent essentiellement un jour par semaine (78 %) et majoritairement à domicile (79 %), 21 % travaillant en télécentre. Vingt métiers différents sont représentés, en tête desquels celui d’assistant administratif et financier (31 personnes), suivi de près par celui d’assistant de service social (27), ce qui est très rare dans ce métier dont le cœur est le contact avec les usagers.

Une démarche transversale

« La DRH n’a pas été à l’initiative du télétravail, avoue d’emblée Anne Buquen, la directrice des ressources humaines. Tout a commencé par une démarche transversale liée à la mise en place de l’agenda 21 en faveur du développement durable, avec des objectifs de réduction des déplacements domicile-travail, de meilleure conciliation des temps de vie mais aussi – et c’était un axe fort – d’évolution des modes de management. »

La première étape de l’expérimentation a débuté en 2009 avec 30 télétravailleurs représentatifs (catégories A, B et C, de filières différentes). Après un appel à candidatures, les agents habitant le plus loin de leur travail ont été sélectionnés. « Pendant l’année d’expérimentation, nous avons travaillé avec les agents et leurs managers sur le fonctionnement, la mise en place, les questions qui se posent, détaille la DRH. Nous avons rédigé une charte, un contrat d’engagement, un guide préparatoire d’autoévaluation, élaboré des supports qui ont permis de faire évoluer les mentalités. »

La deuxième étape de l’expérimentation, démarrée en 2010, a permis de tester les effets sur les missions, le management et l’organisation d’un service fonctionnant avec plusieurs télétravailleurs. Quinze directions sur vingt se sont portées volontaires et chaque service a pu faire sa propre expérience. « L’objectif était d’avoir un cadre commun, mais aussi une certaine souplesse pour la mise en œuvre », souligne Anne Buquen.

Les responsables ont été invités à réfléchir avec leurs équipes sur « trois nombres d’or » : nombre minimum de jours de présence du télétravailleur sur site (« 13 jours par mois de présence constitue un compromis idéal pour cumuler gains de productivité individuels et maintien de la cohésion du collectif de travail », précise un document du conseil départemental) ; nombre minimum de jours de présence simultanée de toute l’équipe et nombre minimum de personnes sur place tous les jours, en fonction des besoins du service. Un protocole pour chaque service a ensuite été mis en place pour préciser l’organisation retenue et la compatibilité des postes. L’accord instituant le télétravail comme une des formes possibles d’aménagement dans toute la collectivité, sur deux jours maximum, a été validé au comité technique en novembre 2011.

Une expérience satisfaisante

Catherine Seksek, élue CFDT au CHSCT, a pratiqué le télétravail quelques années comme assistante de direction au sein d’un territoire d’action sociale à Audierne ; cinq agents sur dix y télétravaillaient. « C’est au bout du bout du Finistère et peu de personnes habitent là, explique-t-elle. Ça fonctionnait bien, mais il n’y avait pas grand monde sur le site certains jours… » Très satisfaite de son expérience en raison de la réduction des trajets et de la possibilité de se concentrer sur des dossiers importants, elle a regretté de n’avoir obtenu qu’un jour de télétravail alors qu’elle en avait demandé deux. « Le décret du 16 février 2016 sur le télétravail dans la fonction publique, présenté en CHSCT le 10 novembre 2016, permet trois jours maximum de télétravail par semaine, remarque-t-elle. Nous pensions que le département allait s’aligner sur la loi, mais le maximum est resté à deux jours dans la délibération de février 2017. »

Le conseil départemental du Finistère favorise le télétravail pour ses cadres, même s’ils sont limités à cinq jours par mois. Céline Prat, responsable d’un service ressources (marchés publics, budget, coordination administrative et ressources humaines) à Quimper, travaille à 45 minutes de son domicile. Elle a commencé à pratiquer le télétravail dès 2011, alors qu’elle était cheffe d’un service insertion en charge du paiement du RSA. « Mon directeur de l’époque était un peu frileux au début car j’étais en position d’encadrement, mais il a vu que j’étais joignable au téléphone, explique-t-elle. En tant qu’encadrante, je n’y ai pas vu de problème particulier. Mes collègues avaient l’habitude de frapper à la porte de mon bureau pour avoir mon avis dans les cas compliqués. Cela les a obligés à attendre le lendemain et donc à chercher davantage les solutions ! » Elle a opté pour un télécentre à Quimperlé, près de chez elle. « Cela permet de séparer domicile et travail, tout en rencontrant des personnes d’autres directions », se félicite-t-elle. Dans sa nouvelle équipe, trois personnes sur quatre télétravaillent le lundi, le mercredi ou le vendredi, tandis que le mardi et le jeudi, tout le monde est présent. « Tous nos dossiers sont sur notre réseau sécurisé auquel sont connectés nos ordinateurs portables, précise-t-elle. Si nous avons une question, nous nous appelons, et nous tenons un journal de bord où l’on note ce qu’on a fait. »

Avec la publication du décret rendant l’introduction du télétravail obligatoire dans la fonction publique, les pionniers du Finistère, qui ont reçu le grand prix du management public dès 2011, sont de plus en plus sollicités pour partager leur expérience.

Auteur

  • Catherine Sanson-Stern