Mars 2015, le Solvay Global Forum tient sa première réunion sur trois jours à Bruxelles, au siège du leader mondial de la chimie : la toute nouvelle instance comprend les quatre membres du secrétariat du comité d’entreprise européen (CEE) et quatre représentants syndicaux des principaux pays d’implantation du groupe (un Américain, un Chinois, un Brésilien et un Coréen). Au programme : de multiples échanges sur la stratégie avec le Pdg, Jean-Pierre Clamadieu, et les membres du comex. « Plus de 50 % de nos effectifs se trouvent hors d’Europe, nous avions besoin de faire évoluer le dialogue social, souligne Jean-Christophe Sciberras, DRS groupe. Nous aurions pu élargir le CEE, mais cela aurait été perçu en interne comme très euro-centré ; nous avons préféré créer une instance ad hoc, de manière informelle et avec une expérimentation de deux ans. »

Pour désigner les représentants américain, brésilien et coréen du Global Forum (parmi les salariés de Solvay), la direction s’est tournée vers IndustriALL, avec lequel elle a noué un partenariat étroit au fil des années (lire l’encadré ci-contre). En Chine, où l’organisation internationale n’a pas de relais, c’est la présidente du syndicat unique qui a choisi le représentant. « Nous nous sommes rapidement rendu compte qu’une réunion annuelle ne suffirait pas, relate Sébastien Léonard, un des deux représentants français du Global Forum, par ailleurs secrétaire adjoint CGT du CEE. D’où la mise en place, l’an dernier, de vidéos conférences trimestrielles, dans la foulée de la présentation des résultats financiers. Nous apprenons à mieux nous connaître, ce qui améliore la qualité des échanges : il y a moins de questions nationales et davantage de concertations entre représentants syndicaux sur des thèmes transverses, comme récemment sur la charge de travail. »

Mais le Global Forum négocie également de nouveaux droits sociaux internationaux. Dès mai 2015, un accord sur le partage des profits est signé par le coordinateur du forum, par ailleurs secrétaire du CEE, l’Allemand Albert Kruft. L’atteinte des deux critères liés à l’Ebitda et au développement durable a permis de débloquer une enveloppe de 10 millions d’euros l’année suivante, répartie entre tous les collaborateurs du groupe (hors France, déjà couverte par un accord similaire, et des cadres). Deux avenants annuels ont été paraphés début 2016 et début 2017.

En février 2017, un deuxième accord structurant a été conclu : le Solvay Cares, signé également par Albert Kruft. À la clé, pour tous les salariés : un congé d’adoption d’une semaine, un congé paternité minimal d’une semaine, une assurance décès-invalidité, une prise en charge en cas d’hospitalisation ou de maladie grave et un congé maternité minimal de 14 semaines. « La garantie, pour une femme enceinte, de prendre intégralement ce congé n’existait pas aux États-Unis, nous avons obtenu que toutes, au sein du groupe, puissent exercer ce droit, avec un maintien du salaire à 100 %, contre 75 % dans le projet initial », se félicite Sébastien Léonard. « Il ne s’agit pas d’un accord-cadre, mais de droits directs nouveaux, insiste Jean-Christophe Sciberras. Des droits opposables qui ne sont pas octroyés mais négociés, ce qui leur confère plus de force. » IndustriALL est tenu informé des négociations et participe une fois par an à une grande réunion du Global Forum, dont il vante régulièrement les mérites.

« Le bilan de notre instance mondiale est très satisfaisant après un peu plus de deux ans d’existence, estime Albert Kruft. Nous négocions actuellement un accord pour le pérenniser, l’élargir éventuellement à de nouveaux grands pays et formaliser les règles de fonctionnement. Nous souhaitons aussi améliorer notre communication à destination des salariés, notamment dans les établissements sans représentant du personnel. Cela pourrait passer par des relais managériaux et, à terme, par un site internet dédié au Global Forum. »

C’est en janvier 2005 que Rhodia a signé avec IndustriALL son premier accord-cadre mondial pour trois ans, contractualisant les engagements RSE du groupe. Un partenariat enrichi ensuite par une, puis deux missions annuelles d’évaluation conjointe entre le syndicat international et la direction, pour auditer sur place les politiques de sécurité des sites (lire Entreprise & Carrières n° 1201). Étendu à l’ensemble du groupe Solvay, après le rachat de Rhodia, l’accord a été reconduit en février 2017 pour une durée de cinq ans, et complété par de nouveaux thèmes, dont la protection de la santé mentale au travail. IndustriALL délègue désormais au Solvay Global Forum le suivi de la mise en œuvre de l’accord.

Activité

Fabrication de produits chimiques.

Effectif Monde

30 000 salariés.

Chiffre d’affaires monde (2016)

10,9 milliards d’euros.