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Sur le terrain

Prévention : CBC fait participer ses cadres à la prévention sur les chantiers

Sur le terrain | publié le : 25.04.2017 | Lydie Colders

Pour réduire les accidents du travail, Compenon Bernard Construction, filiale de Vinci, a formé ses dirigeants à mener des dialogues de sécurité avec les ouvriers sur les chantiers. Associé à d’autres actions, cet engagement managérial a permis réduire de moitié le taux de fréquence des accidents en trois ans.

Faire dialoguer cadres supérieurs et ouvriers pour améliorer la prévention sécurité : c’est la méthode de management des risques choisie chez Compenon Bernard Construction, une filiale de Vinci employant 516 salariés en Ile-de-France. Depuis trois ans, 406 entretiens entre les directeurs opérationnels du siège et les ouvriers ont été menés sur les chantiers afin de renforcer la culture de la prévention. L’objectif est d’enrayer les accidents du travail des 215 ouvriers.

Trop d’accidents

En 2014, malgré sa politique de prévention, comprenant notamment la formation et un point sur la sécurité obligatoire lors des réunions de chantier, le taux de fréquence des accidents du travail* restait de 13 chez CBC. Bien loin de l’objectif affiché du zéro accident…

À l’issue d’un audit mené par un prestataire, « nous avons constaté que le problème était surtout lié aux délais de construction, relate Pascal Roux, directeur qualité environnement de CBC. Nos personnels de chantier connaissent les consignes de sécurité, mais ils s’en affranchissent parfois pour gagner du temps. On a vu certains ouvriers se mettre en danger pour installer des garde-corps sur une terrasse. Plutôt que de prendre le temps d’utiliser une nacelle, ils se penchaient dans le vide pour mettre en place cette barrière de protection ». Face à ces mauvais résultats, la société a décidé d’engager l’ensemble de son management dans une démarche de prévention, via des visites de terrain. Une façon non pas de contrôler davantage les ouvriers, « mais de leur montrer que la direction s’implique et prend en considération leurs conditions de travail », poursuit le responsable.

Prise de conscience

Pour déployer cette action baptisée « dialogue sécurité », CBC a formé 60 cadres dirigeants techniques (directeur d’activité, d’exploitation, de projets ou de travaux) mais aussi les membres du CHSCT à conduire des entretiens visant à questionner un ouvrier sur ses pratiques.

« Il fallait oublier la tendance à l’injonction, et permettre aux ouvriers d’exprimer les raisons qui les poussent à enfreindre certaines règles pour leur faire prendre conscience de l’intérêt de se protéger », souligne Pascal Roux. Au siège de Vélizy (78), chaque cadre formé doit réaliser un entretien par an, en général dans son périmètre de travaux, l’ouvrier étant prévenu par le chef de chantier de cette visite d’une vingtaine de minutes.

Risques de chute

L’échange se veut ouvert, mais le chef de chantier doit prendre rapidement des mesures en cas de problème : faire ranger le matériel ou augmenter l’éclairage afin d’éviter que l’ouvrier ne se blesse en tombant, par exemple. Chez CBC, ces risques de chutes de plain-pied représentaient en effet la première cause de danger recensée par les cadres en 2015, sur 271 entretiens réalisés.

Si Pascal Roux estime difficile d’évaluer l’impact de cette initiative du management, elle a visiblement contribué à améliorer la situation : de 13, le taux de fréquence des accidents du travail est passé à 7,5 fin 2016. Le plus délicat reste de maintenir l’élan : si CBC a franchi aujourd’hui le cap de 400 entretiens, Pascal Roux concède « qu’il n’est pas toujours facile de mobiliser le management, qui manque de temps ».

* Taux de fréquence : nombre d’accidents du travail avec arrêt par million d’heures travaillées.

Auteur

  • Lydie Colders