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Du côté de la recherche

Tendance | publié le : 28.03.2017 | Denis Monneuse

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Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Aimer le football nuit-il à la productivité ?

Comme le fait remarquer un manager : « Le plus agaçant quand on est manager, c’est tout ce qu’on ne maîtrise pas. Par exemple, un collaborateur qui se casse la jambe le dimanche matin en jouant au foot avec ses amis et qui vous met en retard sur un projet par son absence. » Il ne croit pas si bien dire : le football peut réellement avoir un effet négatif. Et pas seulement sur les joueurs du dimanche, mais également sur les supporters.

Ce sont quelques-uns des enseignements d’une très sérieuse étude menée par une équipe internationale de chercheurs avec à sa tête Panagiotis Gkorezis, un chercheur grec de l’université de Thessalonique. Paru dans le Journal of Occupational and Organizational Psychology, cet article se demandait quelle était l’incidence des résultats d’une équipe de football sur les performances au travail de ses fans. Les victoires et les défaites des joueurs sur le terrain se traduisent-elles par des variations de la productivité des supporters le lendemain ? L’enjeu est immense, puisque les stades accueillent des dizaines de milliers de spectateurs, sans compter ceux qui restent au chaud devant leur télévision.

Les chercheurs ont alors demandé à une quarantaine de participants supporters d’une équipe de foot d’évaluer tous les lundis après-midi la performance de leur équipe de cœur le week-end précédent ainsi que leur humeur et leur propre performance en ce même jour. Sans surprise, la performance de leur équipe, surtout si elle a été désastreuse, s’est traduite dans leur humeur. Les lendemains de piteuses défaites, les émotions négatives dominaient chez les fans. Ce qui est dommageable pour les managers, c’est que cet abattement nuit directement à l’engagement au travail ainsi qu’à la performance. Les participants le reconnaissaient d’eux-mêmes. Le lendemain d’une défaite, ils faisaient peu de zèle.

Ce qui risque de démotiver encore plus les managers dont les collaborateurs sont fans de foot, c’est que le contraire ne fut pas vérifié : les victoires ne produisaient pas spécialement d’effet positif sur l’engagement au travail et la productivité. A priori, les émotions positives connues le week-end en cas de victoire ou de match nul glorieux ont un effet plus limité que la déprime qui accompagne les prestations honteuses : le lundi, l’excitation est déjà passée. Il est probable que les supporters contrôlent plus leurs émotions positives et les séparent plus de leur travail, tandis que la déprime est plus difficilement maîtrisable.

Les chercheurs invitent donc les managers à prendre en compte les sentiments éprouvés par leurs collaborateurs les lendemains de match. Cependant, les collaborateurs peuvent soutenir diverses équipes et il n’y a pas que le foot dans la vie : d’autres peuvent être déprimés par leur équipe favorite de basket, de volley, etc. Le conseil semble donc pertinent essentiellement en cas d’événement sportif national touchant unanimement le collectif de travail.

Les managers pourraient aussi être tentés de ne pas recruter de supporters dans leur équipe, mais ce serait une forme de discrimination (si l’on considère le foot comme une religion). Conclusion : les employeurs ont tout intérêt à s’installer près d’un club dont l’équipe joue bien !

Auteur

  • Denis Monneuse