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Bertrand Bonte directeur des formations a l’IMT (institut mines-télécom)

La semaine | L’interview | publié le : 14.03.2017 | Marie-Madeleine Sève

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Bertrand Bonte directeur des formations a l’IMT (institut mines-télécom)

Crédit photo Marie-Madeleine Sève

« Les PME-TPE ont aujourd’hui plus de chances de séduire les ingénieurs du numérique »

L’IMT vient de publier son 9e baromètre des métiers du numérique et des télécoms(1), et note une forte reprise des recrutements. Est-ce une surprise ?

Non, la tendance était déjà très favorable l’an dernier. Mais ce qui me frappe, c’est que l’industrie crée un véritable appel d’air pour ces compétences. En particulier dans l’automobile, parce que la voiture devient de plus en plus numérique, et que la percée des véhicules autonomes va accélérer le mouvement. Dans ces secteurs, la numérisation concerne non seulement la production des produits, mais aussi le process industriel. Par ailleurs, les spécialités de l’internet des objets et de la cyber sécurité sont très prisées, mais elles n’attirent pas suffisamment les jeunes ingénieurs.

Pour quelle raison ? Ces métiers ne seraient-ils pas assez « glamours » ?

Les jeunes diplômés rêvent de la « chefferie » de projets. Ce qui n’est pas possible, même si des écoles et des DRH, leur font miroiter ce type de poste. Or il leur faut auparavant maîtriser leurs domaines d’expertise Ce qui prend cinq ans. En revanche, ils ont besoin de trouver du sens à leurs missions. J’ai vu un stagiaire chez un opérateur télécoms appliquer du process toute la journée, sans pouvoir contribuer à une seule innovation. Du coup les ingénieurs en herbe modifient leurs comportements, en délaissant les grandes entreprises trop normées, pour pouvoir se défoncer dans les start-up, où ils sont sûrs de travailler avec des jeunes qui pensent et raisonnent comme eux. En outre, si avant les PME-TPE n’avaient que peu de chances de séduire un ingénieur, c’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. La guerre des talents est relancée !

Face à la pénurie de ces compétences numériques, que peuvent faire les DRH ?

Ils pourraient venir plus souvent dans les lycées et les écoles, faire de la pédagogie. Car lorsqu’on parle de “geek” dans les classes terminales pour qualifier un informaticien, cela fait fuir toute la population féminine. Les DRH peuvent aussi miser sur la “promotion sociale” de techniciens, bac + 2 en maintenance industrielle par exemple, via la formation continue ou des Moocs, pour les faire évoluer vers ces métiers. Et puis il y a la formule de l’apprentissage qui trouve un regain d’intérêt dans les groupes industriels.

Auteur

  • Marie-Madeleine Sève