La banque française a sollicité ses managers sur le réseau social d’entreprise et organisé un hackathon pour faire émerger de nouvelles pratiques managériales. Parmi elles, une web série interne et une implication « bottom-up » sur les projets.
« Passer d’une organisation très hiérarchisée, où les décisions sont cascadées par niveau, à un système plus participatif, permettant de mieux satisfaire les nouvelles attentes des clients, en lien avec la digitalisation croissante. » Le défi est ambitieux, assure Marie-Béatrice Duval, DRH adjointe à Société générale pour la banque de détail en France. Celle-ci a été fortement affectée, à l’horizon 2020, par la fermeture de 400 agences sur 2 200 dans l’Hexagone, la refonte des missions et de l’accueil et le regroupement des établissements de back-office spécialisés.
« Le modèle de leadership a été revu il y a trois ans et les formations des managers se sont multipliées, explique la responsable RH. Début 2016, nous avons lancé un grand chantier, intitulé #monjob2020, pour dessiner les contours de 29 profils métiers, dont celui de directeur d’agence. Un travail entrepris par les RH, amendé et finalisé par les collaborateurs à travers de multiples ateliers. »
Fin 2016, les managers de la banque de détail (3 500 personnes) sont invités à donner leur avis sur les méthodes managériales à promouvoir, via le réseau social d’entreprise (RSE). Sophie Legigan, directrice d’agence à Maubeuge, y décrit par exemple l’initiative « les experts en action », qu’elle a mise en place il y a plusieurs années : « Mes huit collaborateurs se réunissent sans moi tous les quinze jours, pendant une heure, sur une problématique donnée, pour élaborer de nouvelles solutions. » Cette expérience, partagée sur le RSE, a été très appréciée par ses pairs. Au total, durant un mois et demi, près d’un millier de managers ont apporté leurs idées ou commenté celles des autres on line.
« Nous avons ensuite sélectionné les 80 contributeurs les plus actifs pour participer à un hackathon de deux jours début février aux Dunes, notre nouveau technopôle de Val-de-Fontenay. Un vrai dépaysement pour les managers, installés sur le plateau dédié aux start-up. » Des managers répartis en 10 équipes de 8, mixant les générations, les métiers et les provenances géographiques.
« Notre groupe a planché sur le management participatif, précise Sophie Legigan. Nous avions pu nous préparer en amont, grâce au cahier d’intentions qui nous avait été envoyé, recensant les questions structurantes sur ce thème, les vidéos et les lectures utiles. Nous avons été accompagnés au plan méthodologique par un animateur, et challengés par des hackers internes et externes, qui nous livraient leur vision, à chacune de nos propositions. Ce qui nous a poussés à aller plus loin pour défendre notre idée et à y apporter des correctifs. »
Cette idée est baptisée « adopteunprojet.com » : les porteurs de projets lanceraient un appel à candidatures sur une plate-forme participative, permettant à un salarié de se porter directement candidat, sans passer par son manager. Alors qu’actuellement, ce sont les différents niveaux hiérarchiques qui traitent les besoins des porteurs de projets et qui présélectionnent les candidats.
« Nous avons détaillé notre idée et nous l’avons marketée avec un logo, une page d’accueil, des modalités de fonctionnement… », ajoute la directrice d’agence. Une invention primée à l’issue de l’événement par plusieurs jurys, composés de binômes juniors-seniors aux profils diversifiés (patrons de filiales, cadres supérieurs, dirigeants de start-up, professeur d’université…), chaque binôme disposant d’une voix. Autre idée adoubée, celle d’une web série interne, co-construite entre les équipes locales et centrales, pour illustrer les « do » et « don’t » en matière de pratiques managériales positives, sous forme de courtes séquences vidéos. Exemple avec un manager qui déplore une seconde place obtenue par son équipe lors d’un challenge interne ; une nouvelle séquence le montre ensuite, a contrario, valorisant son équipe. « Le fait d’impliquer les collaborateurs dans la phase de design des solutions rend plus puissante leur mise en œuvre, en créant des ambassadeurs naturels. », se félicite Marie-Béatrice Duval. Reste à implémenter les idées primées et à amplifier la démarche, pour transformer durablement les pratiques managériales.
