Le centre d’approvisionnement Auvergne-Rhône-Alpes de Décathlon, installé près de Lyon, affiche, pour 150 salariés, un taux de 11 % de salariés handicapés (via des recrutements, des maintiens dans l’emploi et un travail avec des Esat), et a, depuis un an, embauché en CDI deux personnes handicapées psychiques, dans le cadre d’une collaboration avec l’association d’insertion Messidor.

« Depuis 2010, nous accueillions une de leurs équipes à l’atelier de transit, explique Jérôme Desombres, référent diversité du centre. Le chef de quai souhaitait accueillir en renfort des personnes en situation de handicap. Nous ne nous sommes pas préoccupés du type de handicap. Ça s’est décidé sur une rencontre avec un conseiller de l’association. »

Dans un premier temps, le responsable de l’unité de production de Messidor est venu, seul, exercer une semaine dans l’entrepôt, pour vérifier que ses salariés pouvaient faire le travail, et que le contexte pouvait leur convenir. « Puis on y est allé crescendo, ajoute le référent de Décathlon. Ils ont d’abord été formés par ce responsable, qui les encadre tout le temps. On accueille cinq à sept personnes en moyenne, qui sont toujours accompagnées. »

La tâche est très physique et simple. Il faut récupérer des colis en provenance de fournisseurs, pour les redispatcher dans des caisses destinées à l’un des 46 magasins de la région. « Ce tri représente une réelle responsabilité, note Jérôme Desombres. Les personnes sont guidées dans leurs déplacements par un dispositif vocal, avec un casque. Cela ne convient pas à tout le monde. »

En six ans, un seul des travailleurs handicapés a mal supporté le port du casque. « Il a alors été réorienté par Messidor vers d’autres entreprises ou métiers, explique le référent handicap. L’équipe change régulièrement pour que diverses personnes testent un poste qui leur convienne. » C’est ainsi que les deux personnes embauchées en CDI ont été repérées, à la fois par l’association et par l’entreprise, puis recrutées dans un autre service, dédié à la logistique des objets volumineux.

« L’accueil de l’équipe intégrée offre une bonne proximité pour apprécier les compétences et le savoir-être des travailleurs en groupe, dans l’action, apprécie Jocelyn Houzé, directrice du centre logistique. Par ailleurs, nous sommes nous-mêmes accompagnés par Messidor pour comprendre les personnes, leur stress, pour éventuellement adapter notre communication : c’est rassurant. » Après leur recrutement en CDI, les nouveaux salariés sont encore suivis par Messidor pendant deux ans au moins, et bénéficient aussi d’un tuteur interne. « Pour ces personnes, il est intéressant aussi d’avoir le ressenti d’un professionnel extérieur », complète Jérôme Besombes.

« Toute l’équipe est volontaire et sensibilisée au handicap psychique, explique Christophe Pomart, responsable du département objets volumineux, qui a accueilli les deux recrutés. On y va doucement sur l’exigence. On leur fait voir un process à la fois. Mais l’idée est vraiment que la personne progresse. » Et ça fonctionne : l’un des deux ex-salariés de Messidor embauchés va prendre un poste de gestion des stocks.

« Le handicap psychique est un handicap parmi d’autres pour nous, résume finalement Jocelyn Houzé. Nous parlons plutôt de personnes en difficulté d’insertion, quelle qu’elle soit. »

À l’échelle du groupe en France, le handicap a fait l’objet de cinq accords d’entreprise depuis 1999 et s’inscrit aujourd’hui dans la politique diversité, avec la mixité des âges et l’égalité professionnelle.