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Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 28.02.2017 | Denis Monneuse

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Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

Dur avec les hommes et faible avec les femmes

Un grand nombre d’articles a été écrit sur les différences managériales entre les femmes et les hommes ; certains pour renforcer les stéréotypes (les hommes seraient plus autoritaires, les femmes plus empathiques…), d’autres pour les contredire.

Il semble préférable aujourd’hui d’analyser les différences entre les sexes suivant les dimensions managériales. C’est ce que font J. Bellizzi et R. Hasty, chercheurs dans les universités du Nebraska et du Nord Texas, dans un article paru dans Journal of Business Ethics. En l’occurrence, ils se sont demandé si les managers femmes et hommes différaient dans leur manière d’user de leur pouvoir disciplinaire.

Pour le savoir, ils ont organisé une expérience au cours de laquelle des directeurs des ventes régionaux devaient réagir face à des commerciaux sous leur ordre qui s’étaient adonnés à des pratiques de ventes jugées non éthiques. Les chercheurs étudiaient les réactions des directeurs de vente pouvant aller de la récompense à une forte sanction envers le commercial en question. Bien entendu, le sexe des directeurs de vente ainsi que celui des commerciaux variaient afin d’étudier dans quelle mesure ces paramètres influençaient les décisions prises.

Il est ainsi apparu que les manageuses avaient des réactions identiques quel que soit le sexe de leur subordonné. Dans les deux cas, les manageuses se montraient plutôt sévères. En revanche, les hommes, eux, se laissaient influencer par le sexe de leur collaborateur. Quand le commercial était un homme, ils se montraient sévères à son égard, exactement comme les femmes manageurs. Quand le commercial était une commerciale, les hommes faisaient preuve de plus de mansuétude à son égard.

La difficulté de ce genre d’étude réside bien évidemment dans l’explication de ces comportements. Cette expérience va dans le sens d’études précédentes selon lesquelles les femmes seraient plus attachées à l’égalité en matière de discipline tandis que les hommes seraient plus soucieux d’équité dans ce domaine. Comme les hommes attendent plus des autres hommes, en particulier dans les milieux professionnels où ils sont majoritaires, ils se montreraient moins indulgents vis-à-vis d’eux qu’envers les femmes. Il se pourrait aussi que les hommes anticipent une possible accusation de machisme ou de discrimination envers les femmes, ce qui les conduirait plus ou moins consciemment à se montrer moins sévères envers elles.

En ce qui concerne les manageuses, le fait d’avoir réussi à percer dans un monde masculin pourrait les inciter à croire que les femmes disposent des mêmes capacités que leurs homologues masculins pour réussir. Il n’est donc pas question pour elles de traiter leurs collaboratrices différemment de leurs collaborateurs en matière disciplinaires. De plus, si les manageuses se montrent globalement plus sévères que les hommes, cela peut être pour assurer leur autorité et contredire le stéréotype qui voudrait que les femmes soient plus dans l’empathie, ce qui pourrait s’avérer un handicap pour manager une équipe.

L’intérêt de cette étude est de montrer que les relations entre les femmes et les hommes au travail sont bien plus complexes que certains voudraient le croire : elles ne se limitent pas à du machisme et à de la discrimination envers les femmes. Il existe aussi des domaines où les hommes se montrent durs envers les hommes et faibles avec les femmes !

Auteur

  • Denis Monneuse