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Sur le terrain

Royaume Uni : Le prix du faible taux de chômage anglais

Sur le terrain | International | publié le : 21.02.2017 | Stéphanie Salti

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Royaume Uni : Le prix du faible taux de chômage anglais

Crédit photo Stéphanie Salti

Les chiffres de l’emploi outre-Manche cachent un marché du travail à deux vitesses où les cas d’exploitation des travailleurs se multiplient.

Les réussites affichées par Londres sur le front de l’emploi se succèdent : entre septembre et novembre 2016, derniers chiffres disponibles, le taux de chômage s’est établi outre-Manche à 4,8 %, en baisse comparé à 5,1 % à la même période une année auparavant. Un taux extrêmement faible, pas loin d’un chômage frictionnel et qui ferait rêver bon nombre de gouvernements européens, au premier rang desquels, celui de la France. Mais ce résultat mérite d’être analysé ; et les médias britanniques ne s’en privent pas, se faisant régulièrement l’écho de pratiques de travail d’un autre âge aussi bien dans l’économie collaborative que dans l’économie traditionnelle.

Salaire minimum

Les libertés prises autour de l’application du salaire minimum seraient ainsi fréquentes : selon un documentaire télévisé diffusé fin janvier outre-Manche, les chaînes d’habillement River Island, New Look, Boohoo et Misguided ont eu recours à des usines faisant travailler leurs salariés pour un salaire horaire compris entre 3 et 3,50 livres. Or, le salaire minimum s’établit à l’heure actuelle outre-Manche à 7,20 livres (8,46 euros) pour les salariés âgés de 25 ans ou plus. Les études pointent aussi du doigt le manque à gagner enregistré par des salariés dépendant d’un contrat zéro heure (zero hours contract) face aux émoluments de salariés à plein temps effectuant le même travail. D’après le cercle de réflexion the Resolution Foundation, « les salariés en contrats zéro heure, qui étaient quelque 900 000 en 2015, subissent une pénalité financière de 1 000 livres, ou 6,6 % par an, comparé à leurs pairs à plein temps ». La plupart du temps, ces contrats sont utilisés dans des secteurs comme l’hôtellerie, la restauration ou encore dans la distribution : les enseignes d’articles de sports Sports Direct et JD Sports ont ainsi été montrées du doigt à plusieurs reprises pour leur recours régulier à ces contrats. Selon le cercle de réflexion, les autres formes de travail non conventionnelles à l’image du travail à temps partiel ou du travail par intérim subiraient également une pénalité financière, moins élevée, à hauteur respectivement de 5,5 % et 2,4 % par an.

Tout comme les travailleurs à contrats zéro heures, le nombre d’intérimaires n’a cessé de croître au fil des années outre-Manche : ils seraient à l’heure actuelle 865 000, soit un tiers de plus qu’il y a cinq ans outre-Manche et devraient atteindre 1 million d’ici à la fin de la décennie, selon The Resolution Foundation : « les travailleurs intérimaires sont la face cachée de la main-d’œuvre ; ce groupe en croissance rapide ne rassemble pas seulement des jeunes gens en quête d’emplois temporaires comme certains ont pu le suggérer mais inclut aussi beaucoup de travailleurs à temps plein plus âgés ».

Travail précaire

Dans une étude publiée fin 2016 (Living on the edge), la confédération syndicale britannique Trade Unions Congress (TUC) a constaté une explosion du travail précaire au cours de ces dix dernières années : selon l’organisme, un salarié britannique sur 10, soit 3,2 millions de personnes, occuperait à l’heure actuelle ce type d’emploi, un chiffre en hausse de 86 % depuis 2006. Les travailleurs indépendants perçoivent des rémunérations inférieures à hauteur de 40 % à celles des salariés : cette différence n’était que de 28 % en 2006. Les travailleurs occasionnels ne sont pas mieux lotis : ils percevraient 40 % de moins qu’un travailleur à temps plein, sans aucune amélioration depuis dix ans.

Face à la multiplication des cas d’exploitations de travailleurs et de procès retentissants, le gouvernement de Theresa May a pris la mesure de ce malaise. Début janvier, elle a nommé Sir David Metcalf, membre fondateur de The Low Pay Commission et ancien président de Migration Advisory Committee, au poste de premier directeur du Labour Market Enforcement. Dans ce poste, le professionnel sera chargé de concevoir une stratégie sur la meilleure façon de partager les informations et de collaborer entre trois agences gouvernementales dont l’une est chargée de s’atteler à la question de l’application du salaire minimum. Cette nomination fait suite au lancement fin novembre de la Taylor Review, du nom de cet ancien conseiller de Tony Blair chargé d’enquêter sur les nouvelles pratiques en matière d’emplois.

Dans les médias

PEOPLE MANAGEMENT. Les plus jeunes moins rémunérés

Les hommes de la génération Y perçoivent une rémunération très inférieure à celle qu’a obtenue la génération X, selon une étude publiée par The Resolution Foundation. Entre les âges de 20 et 30 ans, le recul est de 12 500 livres annuelles (14 700 euros). Il a été exacerbé par l’augmentation significative du travail à temps partiel et des emplois peu qualifiés au sein de la population active masculine. Entre 1993 et 2015-16, la proportion d’emplois peu qualifiés exécutés par des hommes d’une vingtaine d’années a progressé de 45 %. Les femmes ont échappé à la tendance en augmentant leur qualification. 9 février 2017. People Management, presse professionnelle.

THE GUARDIAN. Robots contre fonctionnaires

Près de 250 000 fonctionnaires pourraient perdre leur emploi au bénéfice de robots lors des quinze prochaines années, selon le cercle de réflexion Reform. La robotisation réduirait les coûts d’environ 4 milliards de livres par an. 6 février 2017. The Guardian, quotidien national.

Auteur

  • Stéphanie Salti