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Sur le terrain

Prévention : Avec une charte, Terrena lève le tabou de l’alcool

Sur le terrain | publié le : 21.02.2017 | Violette Queuniet

Pour lutter contre l’alcoolisme au travail, le groupe de coopératives agricoles communique sur la prévention en s’appuyant sur une charte. Une action modeste mais qui a libéré la parole.

La démarche de prévention du risque alcool a démarré en 2009 chez Terrena. Elle a commencé par un diagnostic de ce risque dans l’entreprise, plus exactement dans le périmètre du Pôle amont du groupe, qui compte 3 500 salariés(1). Sa particularité : les salariés y sont très dispersés, voire isolés (parfois pas plus de trois par site). Ceux qui ont un problème d’alcool sont donc laissés seuls avec leur addiction. Par ailleurs, les commerciaux sont particulièrement exposés : les visites chez l’exploitant, les repas d’affaires, les foires-expositions – d’autant que Terrena compte des vignerons parmi ses adhérents – sont propices à la consommation d’alcool.

À partir de ce diagnostic, le groupe « prévention alcool », composé du CHSCT, de personnels de prévention – dont des médecins du travail de la MSA – et présidé par la DRH a rédigé une charte « Risque alcool ». Très complète (25 pages), elle apporte une information claire et étayée sur les effets de l’alcool, rappelle les règles en usage dans l’entreprise, formalise les bonnes pratiques de prévention, notamment dans la relation commerciale (refuser un verre avant de prendre le volant, proposer des jus de fruit, etc.), et détaille enfin la conduite à tenir par les collègues et par la hiérarchie face à un salarié en état d’ébriété ou en alcoolisation chronique. Avec un mot d’ordre « Un salarié exposé à l’alcoolisation ne doit pas être abandonné à lui-même ». « Souvent, les collègues et la hiérarchie ne savent pas comment agir. Cette charte leur apporte les réponses avec deux volets : disciplinaire pour le salarié en état d’ébriété, accompagnement pour le salarié alcoolique chronique, car il s’agit d’une maladie », explique Irène Moog, DRH du Pôle amont de Terrena.

Ébriété

Le règlement intérieur a été refait pour l’occasion, indiquant notamment les modalités de contrôle alcootest par l’encadrement, en cas de contestation par le salarié de son ébriété.

La charte a été diffusée largement dans toutes les entités. Elle est remise à tout nouvel embauché. Les équipes RH ont organisé des réunions par service afin que chaque salarié ait connaissance de la démarche et puisse s’exprimer. En complément de la charte, les RH ont élaboré des « fiches pratiques manager ».

Désintoxication

Quel bilan sept années plus tard ? Pour la DRH, « la réussite de cette démarche est d’avoir levé un tabou et d’avoir libéré la parole. Avant, les gens n’en parlaient pas. Maintenant, les salariés et les managers savent qu’ils peuvent faire appel à leur RRH pour échanger sur cette problématique ». Des salariés ont ainsi été incités à consulter le médecin du travail, certains ont mis en place de leur propre chef une démarche de désintoxication.

La DRH réfléchit actuellement à un travail similaire sur le cannabis mais estime que c’est une addiction moins évidente à identifier. Elle compte aborder ce point au travers d’une démarche menée actuellement sur la prévention du risque routier. L’occasion, d’ailleurs, d’enfoncer encore le clou sur le risque alcool.

1) Pôle amont : produits, services et conseils jusqu’à la première transformation dans toutes les filières de l’agriculture (végétale, animale, viticole, machinisme).

Auteur

  • Violette Queuniet