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L’enquête

Michelin France : Des critères de proximité

L’enquête | publié le : 21.02.2017 | N. L.

Sécurité, présentéime, production sur le site… dans ses accords d’intéressement locaux, le géant français des pneumatiques privilégie des critères sur lesquels les salariés peuvent agir. Avec un suivi régulier des objectifs et la possibilité d’ajuster les seuils par avenant.

C’est un point qui fait consensus depuis 2005 entre la direction et les syndicats de Bibendum en France : les accords d’intéressement locaux doivent être négociés à partir de critères non financiers, « porteurs de performance et de progrès significatifs », dans chaque établissement. Un principe qui sera reconduit à l’issue des négociations triennales actuelles.

L’intéressement repose sur une construction à trois étages : un socle groupe (Michelin et ses filiales françaises), plafonné à 5 % de la masse salariale annuelle brute ; un accord pour les 12 établissements de Michelin dans l’Hexagone, plafonné à 1,5 % ; et un accord pour chaque établissement, plafonné à 3,5 %. « Le poids de l’intéressement local est élevé, parce que c’est à ce niveau-là que l’on peut identifier les indicateurs les plus pertinents pour chaque établissement et les plus parlants pour les salariés, assure Benoît de la Bretèche, directeur des relations sociales France. A contrario, plus le périmètre de l’accord est large, plus il est compliqué de mettre en place des critères de proximité qui s’appliquent à tous. »

Dans l’établissement de Clermont-Ferrand (11 000 salariés répartis sur sept sites), trois types de critères ont été définis autour de la sécurité, du présentéisme (entendez la maîtrise de l’absentéisme) et de l’activité. « En matière de sécurité, nous sommes incités à résoudre des situations à risques au quotidien et à mener des actions préventives, explique Laurent Bador, délégué syndical CFDT. Tous ces éléments sont ensuite consignés par les correspondants sécurité. » L’atteinte du premier palier débloque une enveloppe de 0,25 % et celle du second de 0,5 % de la masse salariale annuelle brute. Même mécanisme avec le nombre d’accidents du travail et le taux de gravité, un double indicateur qui pèse au maximum 1 %.

Un indicateur qui fait débat

Le deuxième type de critère en vigueur sur les sites clermontois, le présentéisme, est mesuré par le nombre d’heures d’absence pour maladie de courte durée. « C’est un facteur de compétitivité important », souligne Benoît de la Bretèche. Un indicateur qui fait toutefois débat : « La direction souhaite lutter contre le petit absentéisme, mais tous les arrêts maladie de moins de 60 jours sont concernés, regrette Jean-Christophe Laourde, délégué syndical central (DSC) CFE-CGC. Le seuil est trop élevé. » Toutefois, ce deuxième critère ne pèse aujourd’hui que 0,4 %, dans l’enveloppe globale de 3,5 %.

Enfin, le troisième type de critères regroupe des indicateurs liés à l’activité, pesant chacun 0,4 % au maximum : la perte de matière avant et après la cuisson des pneus, les parts de marché par ligne produit (pour impliquer les commerciaux), les passages de jalons (nombre de phases de projets réalisées dans les délais) et enfin le taux de désistement aux formations. Ce dernier indicateur a été proposé par la CFDT en 2014 : « En mesurant la proportion de salariés ayant annulé leur présence dans les trois semaines précédentes, ceux inscrits mais absents le jour J, et ceux qui n’ont pas suivi toute la session, on sensibilise les salariés et les managers à l’importance des formations et à leur coût, se félicite Laurent Bador. Résultat, le taux de désistement était inférieur à 4 % l’an dernier. »

Si les critères ou les indicateurs peuvent être différents dans d’autres établissements, les thématiques sont partout identiques : sécurité, présentéisme, qualité, production.

Des seuils négociés annuellement

Pour renforcer l’implication des salariés, des données sur la progression des indicateurs leur sont communiquées tous les mois ou tous les trimestres par voie d’affichage ou via l’intranet. « L’information pourrait être plus explicite sur les objectifs et sur la probabilité de les atteindre, suggère Jean-Christophe Laourde. D’autant que les salariés ne peuvent pas mémoriser tous les indicateurs. » Les syndicats déplorent aussi les faibles montants d’intéressement, voire l’absence de versement sur un ou deux établissements, depuis plusieurs années, en raison des objectifs trop ambitieux fixés par les directions des sites concernés. Une situation plutôt rare, car les signataires négocient chaque année, avant le 15 mars, un avenant pour l’année en cours qui peut corriger le tir. « Lorsque certains seuils sont trop difficiles à atteindre, nous les ajustons, ce qui permet de ne pas saper la motivation des salariés, estime Jérôme Lorton, DSC Sud. Inversement, lorsque certains objectifs ne s’avèrent pas assez ambitieux, ils sont relevés. » Les accords d’intéressement locaux seront renouvelés dans les prochaines semaines.

Repères

Activité

Fabrication et commercialisation de pneumatiques.

Effectif France

23 000 salariés.

Chiffre d’affaires monde

21,19 milliards d’euros en 2015.

Auteur

  • N. L.