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L’enquête

Airbus Opérations : Pas de jours fixes ni de quotas

L’enquête | publié le : 14.02.2017 | Catherine Sanson-Stern

Airbus SAS et Airbus Opérations ont été les dernières entités du groupe Airbus à signer un accord télétravail, le 13 janvier. Il ne fixe ni quotas maximum de télétravailleurs ni jours fixes.

L’accord de télétravail d’Airbus SAS et Airbus Opérations, signé le 13 janvier par toutes les organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO) et qui est entré en vigueur au 1er février, est original à plusieurs titres.

D’abord, les jours télétravaillés et leur nombre ne sont pas fixés. Le salarié utilise le même outil pour poser ses jours de congé que pour signaler à l’avance qu’il va effectuer un ou deux jours maximum en télétravail telle semaine. « On a voulu de la souplesse, précise Philippe Villanti, DRH d’Airbus en France. Dans la pratique, les managers peuvent avoir besoin de réunir leurs équipes et un jour de télétravail fixe peut être pénalisant. »

Ensuite, contrairement aux autres entités du groupe, aucun quota maximum de télétravailleurs n’a été fixé. Combien de salariés peuvent télétravailler ? La direction n’a pas répondu à cette question. Elle se borne à rappeler que les deux entreprises emploient 28 000 salariés en France, et que les activités de production et le centre de livraison ne sont pas concernés par cette organisation du travail, pas plus que les cadres supérieurs (au-delà du niveau IIIB). Pour les fonctions compatibles (informatique, RH, communication, innovation, recherche, technologie, engineering …), la direction « va s’adapter à la demande, mais la contrôler aussi, prévient Marc Jouenne, DRH d’Airbus en France. Si, dans une fonction, je m’aperçois que le recours au télétravail n’est pas conforme à l’esprit de notre accord, il faudra qu’on revienne – et ce n’est pas notre souhait – à des procédures plus contrôlées ». L’accord de télétravail d’Airbus Opérations s’articule à Pulse, le programme de transformation de l’entreprise lancé en octobre, qui vise à plus de collaboration, d’autonomie, et de responsabilisation des salariés dans un contexte de révolution numérique.

Concrètement, chaque salarié volontaire déterminera si son profil et son poste se prêtent au télétravail en remplissant un questionnaire d’autodiagnostic en ligne qui sera transmis à son manager avant leur rencontre. Celui-ci devra motiver un éventuel refus. En cas de désaccord persistant, un RH de proximité tranchera. Au regret de la CFDT et de la CGT, la direction n’a pas accepté de mettre en place une commission de suivi des refus et de l’évolution de carrière des télétravailleurs, à l’instar de ce qui se fait pour les temps partiels. « Nous faisons confiance à tout le monde pour que cela se passe normalement », justifie Philippe Villanti.

Des hiérarchies assez réticentes

Combien de salariés vont se porter volontaires ? Dans une enquête réalisée à la sortie de quatre cantines, la CGT a recueilli 1 158 avis de personnes se disant « intéressées par le télétravail » sur 1 200, soit 96,5 %, ce qui se comprend compte tenu des difficultés de circulation importantes dans l’agglomération toulousaine. « Mais on ne sait pas combien il y aura de demandes, ni de refus, reconnaît Philippe Fernin, délégué syndical central CGT chez Airbus Opérations. Le résultat changera beaucoup selon que la direction pousse ou pas. » « On peut penser que tous les salariés qui voudraient entrer dans cette démarche le pourraient, avec accord de leur hiérarchie, ajoute Brigitte Granena, déléguée syndicale CFDT élue au CE d’Airbus SAS. Le problème, c’est qu’on a des hiérarchies assez réticentes à entrer dans ce dispositif, qui peut demander au manager de repenser l’organisation du travail de son équipe, surtout si les demandes sont multiples. »

La direction s’est engagée à préparer les esprits via des forums d’information, une communication écrite et par l’intermédiaire des RH de proximité. Convaincue de l’intérêt du télétravail pour l’innovation sociale, la responsabilité environnementale et la motivation de ses salariés, elle attend aussi de la part de ses futurs télétravailleurs « une performance égale, voire supérieure » (selon les mots du DRH) dans un contexte de concurrence accrue au niveau mondial.

Repères

Activité

Aéronautique.

Effectifs Airbus SAS et Airbus Opérations SAS

28 000 personnes en France (Nantes, Saint-Nazaire, Toulouse).

Chiffre d’affaires Airbus Opérations SAS

10,8 milliards d’euros.

Auteur

  • Catherine Sanson-Stern