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Transformation des organisations : Les salariés n’ont pas peur du numérique

La semaine | publié le : 31.01.2017 | Hélène Truffaut

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Transformation des organisations : Les salariés n’ont pas peur du numérique

Crédit photo Hélène Truffaut

Le digital dévoreur d’emploi ? Dans les entreprises, les troupes ne s’en inquiètent pas et affichent leur confiance dans l’avenir. Elles maîtrisent à peu près les nouveaux outils et semblent apprécier les dispositifs internes. Un contexte propice à l’émergence du salarié “self-RH”.

Il y a bel et bien une transformation massive des métiers et des compétences sous l’effet de la digitalisation. Mais, face à cette évolution, les salariés français restent globalement confiants. Ce sont deux points clés des premiers travaux menés par le HRM Digital Lab, le laboratoire d’étude de la transformation numérique du management des ressources humaines de Télécom École de management (TEM), avec le soutien du CFA-EVE et de l’ANDRH Essonne. Ses objectifs : comprendre comment s’opère la transformation digitale des fonctions RH, et analyser les changements induits en termes de management des équipes.

Officiellement lancée en 2016, la structure s’est appuyée sur un baromètre général (reposant sur un échantillon représentatif) mené avec Kantar TNS sur « les salariés et le digital », et trois enquêtes complémentaires, coconduites avec le cabinet de recrutement digital OpenSourcing, permettant d’éclairer deux aspects particuliers de cette nouvelle donne : pratiques de recrutement, impacts du digital sur les compétences.

Présentée le 24 janvier, cette étude offre une plongée riche d’enseignements dans le quotidien “numérisé” des salariés.

Perception de l’impact du numérique sur les métiers

De fait, les répondants du baromètre estiment à 88 % que le numérique impacte leur métier de manière plus ou moins importante (seuls 12 % n’en ressentent aucun effet). Mais la situation semble relativement « sous contrôle » : 65 % des sondés jugent avoir une très bonne ou une bonne maîtrise du numérique dans le cadre de leur travail, 5 % seulement confessant une maîtrise (très) insuffisante. Dans le détail selon une des enquêtes complémentaire, (voir l’infographie ci-contre), ils déclarent surtout avoir une bonne maîtrise des moteurs de recherche type Google (80 %) et des logiciels bureautiques (68 %). Et sont globalement très confiants quant à leurs capacités à rechercher de l’information, partager des fichiers et des contenus et communiquer avec leurs collègues et clients grâce aux outils ad hoc.

Mieux : les trois quarts des salariés ne voient pas l’avenir s’assombrir : pour 40 % des salariés interrogés, en effet, le digital va modifier et rendre plus intéressant leur métier, tandis que 34 % n’anticipent pas d’impact majeur. Seuls 4 % craignent de voir disparaître leur emploi. Un résultat « contre-intuitif » pour Emmanuel Baudoin, professeur associé à TEM et responsable du HRM Digital Lab, qui s’attendait à davantage d’inquiétude.

Pratiques RH numériques des salariés

En termes de pratiques, le baromètre pointe l’émergence d’un “salarié self-RH”, autonome, capable de développer ses compétences par un apprentissage numérique informel (52 % des sondés du baromètre se disent plus ou moins pratiquants) et de les revendre en travaillant sa “marque employé” sur des plates-formes emploi et des réseaux sociaux (43 % jugent important de gérer leur réputation numérique professionnelle, et 47 % se déclarent à l’aise avec cette activité).

Le zoom de l’enquête complémentaire place effectivement l’autoformation par Internet en tête des apprentissages les plus utilisés (93 %), suivie par les échanges entre connaissances et collègues (84 %), très loin devant la formation proposée par l’entreprise – qui demeure néanmoins, dans un format présentiel court d’un ou deux jours, la modalité de formation préférée des salariés (36 %), devant le e-learning à la demande !

Difficile cependant, d’évaluer la proportion de ces profils “self-RH”, dont les pratiques ne sont d’ailleurs pas homogènes. Selon Emmanuel Baudoin, ils pourraient représenter entre un cinquième et un quart des salariés. Et les DRH auraient un peu de mal à les gérer…

Que dire, par exemple, à un collaborateur qui souhaite se faire rembourser une certification obtenue via un Mooc ? « L’erreur serait de penser qu’il faut encadrer cette démarche, soutient-il. Je pense qu’il faut au contraire accompagner le mouvement et faciliter l’accès à ces outils. Quelques entreprises en ont compris l’intérêt. »

Perception par les salariés des pratiques numériques de leur entreprise

Cet autre axe de l’étude réserve, lui aussi, une surprise pour les DRH : certes, les entreprises sont plus ou moins matures sur ces sujets : 77 % des salariés ont accès à un intranet ou un réseau social d’entreprise, 66 % à des formations e-learning et 45 % au télétravail. Mais lorsque ces dispositifs existent, les salariés en ont une perception positive. Ainsi, le télétravail est une pratique (très) intéressante pour 21 % des sondés, soit quasiment un salarié concerné sur deux ; 29 % pointent la praticité du e-learning ; 36 % celle des processus numériques RH (46 % d’avis neutres). Et 42 % ont le sentiment de pouvoir accéder facilement aux informations RH présentes sur les canaux digitaux internes (soit plus d’un salarié concerné sur deux).

Livre blanc.

Beaucoup de grain à moudre, donc, pour les entreprises, qui peuvent retrouver les résultats dans un livre blanc téléchargeable gratuitement sur le site de TEM (www.telecom-em.eu). Le Lab, lui, prépare d’ores et déjà une version internationale – Amérique du Nord, Europe, Asie – de son enquête.

(1) Baromètre sur le rapport au digital des salariés français conduit avec Kantar TNS, sur la base d’un échantillon représentatif (1 002 réponses exploitées) ; enquêtes avec OpenSourcing sur le recrutement digital (997 réponses) et sur l’impact de la transformation digitale sur les compétences (1 131 réponses). Toutes les enquêtes ont été menées entre avril et octobre 2016.

Auteur

  • Hélène Truffaut