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Allemagne : Les salariés « secouristes de l’âme » de Rewe

Sur le terrain | International | publié le : 24.01.2017 | Marion Leo, à Berlin

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Allemagne : Les salariés « secouristes de l’âme » de Rewe

Crédit photo Marion Leo, à Berlin

Depuis 2011, des salariés du groupe de distribution Rewe, spécialement formés, aident leurs collègues à sortir d’une crise existentielle.

Au sein du groupe Rewe, le géant allemand de la distribution, on les appelle « secouristes de l’âme ». Il s’agit de salariés investis d’une mission délicate et cruciale : venir en aide aux salariés traversant des crises existentielles liées à des événements d’ordre privé : décès d’un proche, maladie soudaine, divorce, difficultés financières…

Armés d’un manuel contenant des fiches pratiques sur chacun de ces thèmes, ils prennent le temps d’écouter leurs collègues et leur prodiguent des conseils concrets sur les démarches à suivre et les experts à consulter.

Premier secours

« Il ne s’agit pas de psychologues ou d’assistants sociaux en herbe, insiste Roland Kraemer, responsable sécurité et santé au travail au sein du groupe Rewe. Ils sont là pour apporter un premier secours et aider les collaborateurs à trouver eux-mêmes une solution. »

Ce projet baptisé « Los ! » (« Partez ! ») a valu au 4e distributeur allemand (51 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 228 000 salariés et 10 000 points de vente en Allemagne) le Prix d’excellence de la démographie en novembre 2015. Selon Roland Kraemer, cette initiative, lancée dès 2011 dans le cadre d’un projet pilote de deux ans, ne résulte pas d’un événement particulier, mais d’une prise de conscience plus large du rôle du stress au travail et de l’importance des missions de « conseil social » pour garder les salariés en bonne santé.

« Face au changement démographique, il est plus important que jamais de maintenir aussi longtemps que possible l’employabilité de nos collaborateurs, explique le responsable santé. Nous pouvons adapter nos postes et processus de travail en conséquence, mais nous ne pouvons pas influer sur des événements d’ordre privé, comme le décès d’un proche ou la prise en charge de parents, qui ont pourtant des répercussions majeures sur le travail. C’est pour cette raison que nous avons formé dans le cadre du projet Los ! des collaborateurs en tant que secouristes qui conseillent et assistent les collègues concernés. » Très vite, l’initiative a rencontré un vif succès. Le projet, qui a démarré avec 30 volontaires, en comptait déjà une centaine à l’issue de la phase pilote, et environ 140 aujourd’hui. Selon Roland Kraemer, cette réussite témoignait d’une réelle demande au sein du personnel mais aussi auprès des responsables. La direction a ainsi décidé fin 2013 de reconduire le projet de façon illimitée.

Conseillers mais pas experts

Pour devenir des « secouristes de l’âme », les salariés suivent une formation de deux jours, puis se rencontrent au moins une fois par an et dialoguent via une plate-forme web pour échanger sur leurs expériences. Au menu de la formation : comment conduire une discussion ? Quelles sont les propositions d’aide autorisées ou illicites ? « Il est important que les conseillers apprennent à poser des limites. Il ne s’agit pas d’experts », souligne Roland Kraemer. Au départ, les salariés intéressés étaient pour la plupart des membres du CE ou du comité représentant les salariés handicapés. Aujourd’hui, ils viennent de tous les départements : personnel qualifié en sécurité au travail, spécialistes de la santé au travail et de plus en plus des responsables du personnel. Ils mènent cette activité bénévole durant leur temps de travail.

Selon Roland Kraemer, il est très difficile d’évaluer l’ampleur de leur travail qui est par nature confidentiel. Mais les secouristes interviennent en moyenne une ou deux fois par mois. Le responsable table ainsi sur environ 2 000 entretiens par an au sein du groupe. Avant de devenir secouriste, le salarié doit obtenir l’aval de son supérieur, précise le responsable santé, qui dresse un bilan positif du projet. Jusqu’à présent, très peu d’entre eux ont mis un terme à leur engagement bénévole, qu’ils perçoivent comme une source d’enrichissement personnel. « Au sein du groupe Rewe, l’ambiance de travail est excellente et le projet Los ! y contribue grandement », estime Roland Kraemer.

Dans les médias

KÖLNER STADT ANZEIGER. L’égalité à moitié

Le verre est-il à présent à moitié plein ou à moitié vide ? Le débat concernant la loi sur l’égalité salariale peut être ramené à cette question. Le projet de loi adopté par le gouvernement vise à supprimer ou du moins à réduire l’écart de salaires entre les hommes et les femmes, qui s’élève à 21 % depuis plus de 20 ans en Allemagne. (…) La nouvelle loi concerne la moitié des femmes actives, celles qui travaillent dans des entreprises de plus de 200 salariés. C’est un progrès. (…) Mais une loi sur l’égalité devrait traiter tout le monde de la même façon, indépendamment de la taille de l’entreprise et du nombre de salariés. 12 janvier 2017, Kölner Stadt Anzeiger, quotidien de Cologne.

SÜDDEUTSCHE ZEITUNG. La stratégie offensive de Verdi

Un nombre croissant de conflits du travail ont lieu en Allemagne dans le secteur des services et non dans l’industrie. Voilà ce qui ressort d’une étude de l’Institut de l’économie allemande (IW) proche du patronat. L’augmentation du nombre de grèves depuis 2008 s’explique, selon l’IW, par l’attitude du syndicat des services Verdi, de plus en plus enclin à lancer des grèves. Verdi répond à l’érosion de ses effectifs, à la portée plus limitée des accords collectifs et aux syndicats corporatistes par une « politique salariale expansive ». Le syndicat utilise les conflits du travail pour recruter de nouveaux adhérents – et cela avec succès. 10 janvier 2017, Süddeutsche Zeitung, quotidien national.

Auteur

  • Marion Leo, à Berlin