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Sur le terrain

Retour sur… L’intégration dans le groupe TF1 de jeunes issus des quartiers prioritaires

Sur le terrain | publié le : 17.01.2017 | Mariette Kammerer

CHAQUE ANNÉE DEPUIS 2008, la Fondation TF1 sélectionne jusqu’à douze jeunes de quartiers défavorisés et leur permet de suivre une formation en alternance au sein du groupe TF1, où près de la moitié d’entre eux sont embauchés à l’issue des deux ans.

Samira El Gadir, responsable de la rubrique consommation au service économie du journal télévisé de TF1 ; Jean-Marie Bagayoko, journaliste au service des sports de TF1 et deux fois lauréat du Micro d’or ; Lila Bouarour, journaliste-rédactrice pour LCI, et d’autres jeunes salariés des services RH, comptabilité, communication de la chaîne doivent leur beau parcours à un gros coup de pouce de la Fondation TF1.

Depuis 2008, celle-ci permet chaque année à douze jeunes de 18 à 30 ans, issus de quartiers prioritaires de la politique de la ville, de suivre une formation qualifiante de deux ans en alternance au sein du groupe TF1 et de bénéficier d’un accompagnement individuel pour faciliter leur insertion professionnelle. Depuis le début, 46 % des jeunes passés par ce dispositif ont été recrutés par le groupe TF1 à l’issue de leur formation. « Nous n’avions pris aucun engagement », précise Samira Djouadi, responsable de ce programme. Et tous les autres ont trouvé un emploi ailleurs dans les deux mois suivant la formation. « Grâce à ces deux ans d’expérience, au réseau qu’ils ont développé, et à la notoriété de TF1 qui s’avère être un précieux sésame, constate la responsable, c’est un vrai tremplin pour tous, qu’ils continuent dans la profession ou qu’ils changent de voie. »

30 à 60 entretiens par an

Comment se passe la sélection de ces happy few ? La fondation cible des territoires et va chercher ces candidats par l’intermédiaire de partenaires sur le terrain : associations de quartier, missions locales, Pôle emploi, mais aussi des relais comme Nos quartiers ont des talents, Mozaïk RH et le Bondy Blog. Le premier critère de sélection est la motivation et le projet. « On leur demande de se présenter par un CV vidéo : ils ont trois minutes pour nous convaincre de les recevoir en entretien », explique Samira Djouadi. Sur 300 à 500 jeunes qui envoient un CV vidéo chaque année, 30 à 60 sont reçus en entretien. Celui-ci a lieu devant des responsables RH et les collaborateurs qui accueillent les salariés en alternance, pour voir si leur projet tient la route et si la formation proposée peut les y amener. Les profils des douze retenus à la fin sont très divers : certains ont un master 2, d’autres n’ont pas de diplôme, ou pas le bon, certains ont une expérience professionnelle, d’autres n’ont jamais travaillé.

Lors des trois premières années, seuls les métiers de l’audiovisuel étaient proposés, puis le programme a été ouvert aux métiers supports. « Nous pouvons les former à 25 métiers, avec 15 places d’alternance par métier, explique la responsable. En fonction de leur projet, nous cherchons pour chacun d’eux la bonne école, reconnue et qui permet un cursus en alternance – professionnalisation ou apprentissage. Puis nous montons les dossiers d’inscription avec notre service relations écoles. »

Dans les métiers du journalisme, les jeunes sont inscrits au CFPJ, en BTS audiovisuel ou en licence professionnelle. Les autres suivent des formations de bac + 2 à bac + 4 en marketing, comptabilité, informatique, RH, commerce, etc. Tous sont intégrés dans des équipes professionnelles au sein du groupe TF1 et bénéficient d’un accompagnement spécifique. En plus du tuteur obligatoire, la fondation leur désigne un « parrain », salarié de TF1, chargé de les soutenir, de leur ouvrir son réseau et de les aider à préparer la suite. « Les parrains que je choisis se sentent vraiment investis d’une mission », souligne Samira Djouadi. Autre traitement de faveur, ils sont rémunérés à 100 % du Smic, soit davantage que ce qui est prévu par la loi, « pour leur permettre de se loger et de vivre correctement », ajoute la responsable.

Des échanges entre promos

Trois mois après leur entrée en alternance, pour les aider à s’intégrer au mieux, une formation d’une journée sur les codes de l’entreprise leur est proposée : comment communiquer, se présenter, etc. La fondation les inscrit aussi à la certification Voltaire, qui garantit un niveau d’orthographe et représente un plus sur un CV. Ils ont deux ans pour s’y préparer. Des moments de rencontre sont prévus entre les deux promos qui cohabitent, afin qu’elles puissent s’échanger conseils et contacts. « Régulièrement, je m’assure auprès de chacun d’eux que tout se passe bien, l’accompagnement est personnalisé, c’est pour cela que le nombre de places est limité », ajoute Samira Djouadi, qui assure l’organisation et le suivi du dispositif avec un collègue.

La majeure partie des 650 000 euros de budget de la fondation y est consacrée. Enfin, trois mois avant la sortie, les jeunes suivent de nouveau une formation qui les prépare à valoriser les compétences acquises, à chercher du travail, et à passer des entretiens d’embauche. Certains de ces jeunes bénéficient ensuite d’autres dispositifs proposés par la fondation comme la résidence d’écriture, ou l’aide à la création d’entreprise.

« En presque dix ans, avec ce réseau d’anciens recrutés à TF1, nous avons réalisé notre engagement de départ qui était d’arriver à une vraie diversité à l’antenne et dans les rédactions, et d’influencer aussi le traitement de l’information », conclut Samira Djouadi.

Qui sont les jeunes de la promo 2015 ?

À l’automne 2015, après étude de 500 candidatures et 60 entretiens, 11 candidats ont été retenus. Ils sont embauchés en alternance sur 9 métiers : rédacteur, informaticien, monteur, cadreur, JRI, community manager, assistant administratif, assistant marketing, assistant mise à l’antenne.

Auteur

  • Mariette Kammerer