Vers une révolution des modes de travail ?
Allons-nous assister au cours des trente prochaines années à une « ubérisation de l’économie », où le travail indépendant remplacera l’emploi salarié ? Loin de là, estiment l’avocat Jacques Barthélémy et le professeur d’économie Gilbert Cette, dans un rapport prospectif commandé par Terra Nova et l’Institut de l’entreprise. S’il est difficile d’évaluer l’impact de la révolution numérique sur la mutation des emplois salariés, les auteurs estiment qu’elle ne dopera pas l’emploi indépendant en France, qui devrait rester très minoritaire (12 % d’indépendants en France en 2014). En revanche, les nouvelles technologies et l’économie numérique vont faciliter l’activité de travailleurs très autonomes, mais aussi de plus en plus qualifiés. Et les passerelles entre emplois salarié et indépendant devraient se multiplier, selon eux. Face à ces évolutions qualifiées de « libératrices » pour l’individu, les auteurs plaident pour une réforme profonde du système de protection sociale : il faudrait selon eux unifier les droits et les garanties (assurance-maladie, retraite de base) entre salariés et indépendants. Leur proposition ? Créer « un droit à l’activité citoyen » garantissant un socle minimum de droits fondamentaux attachés à l’individu, en matière de couverture sociale. Avec des protections additionnelles selon le niveau d’autonomie (dépendance économique), dont le taux pourrait être fixé par les branches. Dommage que cette idée, complexe, soit si peu développée dans ce rapport d’inspiration nettement libérale.