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Prospective : L’avenir du travail : deux rapports qui rassurent

La semaine | publié le : 17.01.2017 | Catherine Sanson-Stern

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Prospective : L’avenir du travail : deux rapports qui rassurent

Crédit photo Catherine Sanson-Stern

Sorties coup sur coup, l’étude du Lab’ho (groupe Adecco) et celle du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) livrent leurs analyses prospectives des métiers de demain et des nouvelles formes d’emploi. Rien d’alarmant à l’ère de la numérisation et de la pluriactivité, mais elles invitent les DRH à se préparer et à préparer leurs collaborateurs à ces mutations.

Loin du catastrophisme des américains Frey et Osborne qui évoquaient en 2013 la destruction possible de 47 % des emplois dans les deux prochaines décennies, mais cohérente avec l’analyse de l’OCDE de 2016, l’étude « Automatisation, numérisation et emploi » du Conseil d’orientation pour l’emploi, instance d’expertise placée auprès du Premier ministre, a mesuré que moins de 10 % des emplois actuels étaient menacés par l’automatisation et la numérisation. Son originalité tient au fait qu’elle s’est appuyée sur l’enquête de la Dares de 2016 concernant les conditions de travail déclarées par les salariés. « Nous avons considéré que le progrès technologique ne s’attaque pas à des métiers mais à des tâches, explique la présidente du COE Marie-Claire Carrère-Gée. Nous avons isolé les questions déterminantes dans la vulnérabilité de l’emploi à l’automatisation (la capacité d’adaptation, à résoudre des problèmes, la flexibilité, les interactions sociales et, pour les métiers manuels, la précision) pour construire un indice de vulnérabilité qui nous a permis de repérer les emplois les plus fragiles. »

Les métiers manuels et les moins qualifiés sont les plus vulnérables face à l’automatisation (et donc au risque de destruction), en volume comme en termes de surreprésentation par rapport à la population globale : arrivent en tête les agents d’entretien (21 % de l’ensemble des emplois exposés), suivis par les ouvriers des industries de process, de la manutention, de la mécanique, les caissiers… Cela représenterait 1,5 million d’emplois en France.

Complexification.

« On ne dit pas que ces emplois vont être supprimés car, à supposer qu’on puisse automatiser, il n’est pas dit que ce choix sera fait, précise Marie-Claire Carrère-Gée. Notre étude est un outil dont doivent s’emparer les acteurs des branches professionnelles et les pouvoirs publics. » Son objectif : attirer l’attention des responsables éducatifs et de la formation professionnelle afin qu’ils construisent des parcours de formation pour les personnes les plus menacées. « D’autant que l’évolution des emplois depuis quinze à vingt ans montre que le contenu de tous les métiers, y compris non-qualifiés, évolue dans le sens d’une complexification et de l’essor des compétences analytiques et relationnelles, souligne la présidente du COE. Cette évolution va s’accélérer. Le chantier prioritaire est donc de former les personnes, en emploi ou pas, pour qu’elles s’adaptent à cette révolution, avec une attention particulière pour les moins qualifiés. » Un constat complété par Tristan d’Avezac de Moran, au cabinet Territoires Humains, auteur de l’étude du Lab’ho, « Pense l’emploi autrement » (lire l’interview ci-contre).

Relocalisations possibles.

L’étude du COE souligne, par ailleurs, le potentiel de créations d’emplois liées aux nouvelles technologies, sans toutefois le quantifier : emplois directs dans le numérique et la robotique, emplois indirects créés dans l’ensemble de l’économie, induits notamment par les effets de compensation. Optimiste, le COE suggère qu’« après avoir facilité les délocalisations de certaines fonctions de l’entreprise, le mouvement d’automatisation et de numérisation pourrait à terme contribuer à favoriser des relocalisations d’activité, avec des retombées potentielles positives sur l’emploi, même si à ce stade les exemples sont encore modestes. » La seconde partie de l’étude, qui sera présentée au printemps, s’attachera aux enjeux en termes d’évolution des compétences, de mobilités professionnelles, d’organisation du travail et de modes de management.

« Automatisation, numérisation et emploi : les impacts sur le volume, la structure et la localisation de l’emploi », à lire sur www.coe.gouv.fr

Auteur

  • Catherine Sanson-Stern