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Le penseur de Rodin

La chronique | publié le : 17.01.2017 |

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Le penseur de Rodin

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Meryem le Saget Conseil en entreprise

Pouvons-nous vivre

à la fois connectés et intelligents ? Oui, avec un peu de réflexion.

Ouverture sur le monde.

La télévision et Internet ont transformé nos vies. Nous savons en temps réel ce qui se passe aux quatre coins du monde, toute question trouve quasiment sa réponse sur un moteur de recherche ou sur Wikipedia, nous vivons au quotidien les fenêtres grandes ouvertes, notre mobile constamment à la main. Que de découvertes, de curiosités, d’enthousiasmes… que nous consommons sans modération. L’ennui est que ce mode de vie a des « effets secondaires », comme on le dirait en pharmacopée.

Le déclin de la réflexion.

Il y a quelques mois, le New York Times publiait un article de prospective très remarqué*. Nous n’avons plus un instant de « vacance » ni de contemplation, et les zones correspondantes de notre cerveau ne sont plus sollicitées. Que ce soit dans le métro, l’ascenseur, les files d’attente ou en promenant notre chien, nous restons l’œil rivé sur notre smartphone, optimisant chaque instant. Les grands perdants ? Le recul, la réflexion, la construction de la pensée, la nuance, l’acquisition d’une perspective plus large. On perd notre intelligence profonde en quelque sorte, par trop de tentations extérieures.

Peut-on rééquilibrer les choses

et conserver notre fantastique ouverture au monde sans perdre notre qualité de pensée ? En fait, la réflexion est comme un muscle, si l’on veut lui donner sa chance, il faut l’entraîner. Quel livre a-t-on lu récemment ? Un vrai livre, lu en s’immergeant plusieurs heures dans l’univers d’un auteur. Quelle discussion authentique et profonde a-t-on partagée avec ses proches, au point d’y penser encore des semaines plus tard ? Quelle introspection a-t-on menée sur soi-même, sur la vie, sur ce qui nous fait progresser…

L’utilisation constante de Google

laisse croire que toutes nos interrogations humaines peuvent être résolues par une question bien posée et sa réponse immédiate. L’article du New York Times nous interpelle : le penseur de Rodin est-il encore une image contemporaine ? Vous vous souvenez, ce personnage penché, semblant méditer sur un profond dilemme… À l’inverse, trouverait-on la sculpture d’un twitteur tout aussi inspirante ?

Mais pas le temps d’épiloguer,

on a du travail. On participe à une réunion l’ordinateur ouvert, en tapant frénétiquement sur son clavier à des moments bizarres. Ce n’est pas le timing des échanges, bien sûr, c’est le rythme des réponses à ses mails, tout en lisant un post sur Facebook et en interagissant par texto avec ses contacts extérieurs. Le sentiment de griserie est évident. Les neurosciences ont beau nous alerter en nous prouvant que faire plusieurs choses à la fois est inefficace et même nocif, puisque cette pratique diminue progressivement les capacités de concentration du cerveau, on s’en moque, parce que dans sa perception à soi on se trouve super efficace.

Pourrait-on réunir les inconciliables

avec un peu plus d’intelligence ? Par exemple faire des réunions plus courtes mais sans ordinateur ; se débrancher par moments pour être pleinement présent à soi et aux autres ; méditer un peu ; aller marcher et respirer dans la nature ; renouer avec le bon sens, finalement.

* “The End of Reflection”, Teddy Wayne, june 11, 2016.