logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Acteurs

3 questions à… Cédric Mendes

Acteurs | publié le : 17.01.2017 | Marie-Madeleine Sève

Image

3 questions à… Cédric Mendes

Crédit photo Marie-Madeleine Sève

Le responsable recrutement et relations écoles chez Colas (infrastructures de transport, groupe Bouygues), qui teste le coaching par des collaborateurs en interne des étudiants de la promotion 2018 de l’ESTP – grande école de travaux publics – dont le groupe est le parrain, revient sur sa politique envers les stagiaires.

Vous aidez les étudiants ingénieurs à s’orienter dans le dédale des métiers, tous secteurs confondus. En quoi ce coaching consiste-t-il ?

Il s’agit de faire émerger la vocation de ces ingénieurs en herbe qui, après deux ans de prépa, ne savent pas toujours comment s’orienter dans les filières et les divers métiers possibles pour eux. On le voit bien, quand on leur parle dans les salons, les forums. On souhaite les aider à comprendre les marchés, les secteurs, et à travailler leur candidature – entreprise cibles, CV, lettres, etc. – et pas forcément pour postuler chez nous. L’opération est une première, elle a été lancée à l’été 2016, en Ile-de-France. À la fin de leur 1re année d’école, ou au début de la 2e, on leur propose de s’inscrire à un programme de coaching individuel, parce que c’est à ce moment-là que tout se joue. Ce programme se déroule en deux étapes. D’abord un entretien avec un coach RH, professionnel du recrutement, afin de cerner le profil, les attentes, les motivations. Et puis, après un travail personnel de réflexion et des recherches pour trouver leur voie, ils rencontrent un coach métier, un opérationnel de terrain, chef de projet, patron d’entité et issu de la filière métier visé. Celui-ci leur fait bénéficier de son réseau, les aide à élaborer une stratégie, à construire une trajectoire.

C’est plutôt dans votre ADN de “chouchouter” ainsi les étudiants… Qu’est-ce qui vous motive ?

De fait oui, car la construction est un secteur en tension. Et on s’investit. Dans cette expérience, je ne pensais pas que ça serait aussi prenant. Les entretiens RH devaient durer une heure, ils durent une heure et demie. Et on en fait deux et pas un seul. Du côté des opérationnels, c’est pareil. Ils expliquent leur métier aux coachés, les préparent à de futurs entretiens. Et nous ne pourrons les guider jusqu’à ce qu’ils décrochent un premier emploi : ils ont besoin de valider des pistes, de savoir aborder un recruteur, de bien choisir ses stages. Mais on est attentifs à accompagner tous nos stagiaires. En 1re année, ils ont un stage ouvrier (ou employé) de découverte, puis en 2e année, un stage sur un autre métier, dans une autre structure. Enfin, il y a le stage de fin d’étude, considéré chez Colas, comme une véritable pré-embauche. On accueille 1 600 stagiaires par an, dont 200 en stage de fin d’études. Parmi ces derniers, on en recrute jusqu’à 30 %. Le jeune fait son choix en connaissance de cause, car on le responsabilise très tôt, notamment dans la filière Travaux, sur des chantiers à taille humaine où il manage une petite équipe, gère des aspects techniques, des budgets. On repère s’il a la fibre entrepreneuriale. L’étudiant en école de commerce, se teste, lui, sur les fonctions supports. Ce sont ces points concrets qui ressortent dans le classement « Happy Trainees », des meilleures entreprises où il fait bon faire un stage en France. Avec la note de 4,25 sur 5 obtenue pour les cinq dernières années, nous arrivons à la 2e place, derrière Danone. Les stagiaires apprécient qu’on leur fasse confiance, l’autonomie qu’on leur donne, et l’ambiance exceptionnelle des chantiers.

Quel bilan faites-vous de cette initiative ?

Débordés, les responsables recrutement ont dû mobiliser nos RHH et même nos DRH en Ile-de-France, 15 en tout. Et 47 coachs opérationnels se sont portés volontaires, du conducteur de travaux au patron de filiale, comme le Pdg de Colas Rhône-Alpes, pour suivre plus de 50 coachés à ce jour. Tous anciens de l’ESTP, ils ont un esprit de corps et le sens de l’engagement. Je songe à dupliquer cette année l’opération coaching auprès d’autres écoles partenaires, comme HEI, Mines Douai ou Mines d’Alès. C’est pour nous un projet humaniste, qui a un fort impact en interne : il est intersecteurs – routes, ferroviaires, pipe-line, bâtiment, génie civil, etc. – et intergénérationnel. Et, grâce à lui, on développe nos compétences RH et notre marque employeur.

Auteur

  • Marie-Madeleine Sève