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Chronique

Du côté de la recherche

Chronique | publié le : 03.01.2017 | Denis Monneuse

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Du côté de la recherche

Crédit photo Denis Monneuse

De l’inconvénient d’être beau

Pour réussir professionnellement, mieux vaut être grand que petit, blanc que d’une autre couleur de peau, beau que laid, etc. Plusieurs études ont confirmé ces pressentiments si bien que ces phénomènes, aussi injustes soient-ils, ne surprennent plus : ils sont considérés comme des vérités générales du monde des affaires. Dans le monde académique, ils font consensus, au point que peu de recherches ne viennent les remettre en cause.

L’étude de S. Lee, M. Pitesa, M. Pillutla et S. Thau, chercheurs à l’University College, l’université du Maryland, à la London Business School et l’Insead, vient faire exception à la règle. Parue dans la revue Organizational Behavior and Human Decision Processes, elle se demande si être beau n’a véritablement que des avantages dans la vie professionnelle.

Pour cela, les auteurs ont mis au point quatre expériences (évaluations de profils, quiz, entretiens d’embauche, évaluation de profils d’étudiants en écoles de commerce) au cours desquelles les participants faisaient face à des photos de candidats, soit au visage attractif, soit moins gâté par Dame Nature.

Ils concluent que, globalement, mieux vaut avoir un visage avantageux pour trouver du travail, même si l’effet de la beauté est moindre que ce qu’on croyait jusqu’ici. Tout d’abord parce que les différences entre les hommes et les femmes sont notables en raison de stéréotypes sur les sexes qui divergent. Les belles femmes sont considérées peu compétentes et peu intelligentes comme le suggère l’injonction « Sois belle et tais-toi ! », tandis que les hommes qui sont « beaux gosses » sont perçus compétents, intelligents et plus en réussite. Il peut donc être préjudiciable dans le monde du travail pour une femme d’être (trop) belle.

En ce qui concerne les hommes, la beauté ne présente pas non plus que des avantages. Elle peut se retourner contre eux quand elle apparaît comme une menace pour leurs collègues. Si le recruteur prévoyait de travailler sous un mode collaboratif ou sur un projet commun avec le candidat, il préférait embaucher les hommes les plus beaux puisqu’ils devraient mettre leurs compétences au service du collectif. En revanche, si le recruteur jugeait un candidat amené à devenir un concurrent direct, il préférait l’embaucher parmi les hommes les moins beaux parce qu’ils passent pour moins compétents, donc moins susceptibles de lui faire de l’ombre.

Ainsi, les recruteurs ne cherchent pas à embaucher le meilleur candidat, mais celui qui, indirectement, contribuera le plus à leur propre carrière. Alors que les discriminations sont généralement considérées comme irrationnelles dans la mesure où elles nuisent à la performance des entreprises, l’étude souligne qu’elles peuvent s’avérer rationnelles du point de vue des recruteurs.

Conclusion : les entreprises ont intérêt à s’en remettre à des recruteurs externes qui, eux, devraient être moins influencés par la plastique des candidats qui leur font face puisqu’ils ne seront pas amenés à travailler avec eux. Ou bien elles devraient demander à leurs recruteurs internes de justifier leur choix afin de limiter l’effet des stéréotypes liés au physique.

Je suis en tout cas heureux d’entamer cette nouvelle année avec une bonne nouvelle : cette étude devrait redonner le sourire à ceux qui se sentent laids, sourire qui devrait… les embellir !

Auteur

  • Denis Monneuse