Nous ne sommes pas encore massivement sortis d’une organisation taylorienne du travail correspondant à un mode de production industrielle de masse alors que depuis plus de trente ans, les services ont acquis une place prépondérante au plan économique, y compris dans le secteur industriel. Avoir un train de retard revient à se mettre en position de ne jamais rejoindre le présent. Pour ne rien dire de l’avenir. Gilles Babinet, créateur de start-up, premier président du Conseil national du numérique puis Digital Champion pour la France auprès de la Commission européenne sur les enjeux du numérique, explique le retard pris par les entreprises françaises sur les technologies du futur. En effet, préparer l’avenir ne devrait pas simplement consister à équiper les collaborateurs d’ordinateurs, de smartphones et autre gadgets électroniques mais aussi à comprendre ce qui est en jeu dans la révolution de l’open source et du big data qui impliquent un changement radical des business models du passé. La R & D est aussi une question d’organisation du travail : dans un monde de l’information ouvert aux dimensions de la planète, la recherche ne peut plus être cultivée en vase clos et organisée selon un schéma hiérarchique traditionnel. L’avenir ne peut qu’être collaboratif et fondé non sur l’autorité mais sur la transparence et la compétence. Il faut comprendre qu’il s’agit là d’une révolution culturelle qu’on ne saurait préparer en s’arc-boutant sur ses baronnies ou sa clientèle actuelle.