À PREMIERE VUE, L’IDEE D’EVALUER LE PRIX d’un homme peut paraître étrange voire immorale. C’est pourtant ce que font toutes les sociétés depuis la nuit des temps, explique François-Xavier Albouy, spécialiste de la micro-finance. Fixer une sorte de « cours » de l’homme éviterait, selon l’auteur, que ce cours soit réduit à quasiment rien pour les miséreux. Cela permettrait d’asseoir aussi la notion d’universalité de la condition humaine de manière concrète. Prendre à la lettre l’idée de « capital humain » revient à considérer que tout être humain a une valeur économique ou parce qu’il produit directement ou du fait qui consomme. Cette idée simple permet à l’auteur d’affirmer qu’investir sur la vie, la santé, la formation, le bien-être est rentable partout à condition toutefois de fixer un « prix de la vie » équivalent pour tous sous toutes les latitudes. Inutile de se récrier qu’on ne saurait réduire la valeur humaine à la valeur marchande des hommes puisque de toute façon c’est ce qui se passe, plaide l’auteur. Certaines vies comptent pour rien ou presque dans le système économique : on achète les esclaves à vil prix ; la main-d’œuvre salariée de certains pays arrive tout juste à maintenir quelques années sa force de travail. Plutôt que de penser séparément l’économie et la morale, l’auteur préfère que l’on soutienne cette dernière à partir de données monétaires pour éviter un déni qui risque de masquer le problème jusqu’à la nuit des temps.