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Sur le terrain

Retour sur… Le premier Mooc de Société générale

Sur le terrain | publié le : 13.12.2016 | José Garcia Lopez

FIN 2015, la banque a lancé une formation en ligne destinée à ses chefs de projet. Un programme pédagogique conçu en interne pour stimuler l’apprentissage sur fond de trame collaborative et ludique. L’expérience réussie ouvre la voie aux massive open online courses (Mooc) dans le groupe et au-delà.

C’est le Mooc pionnier de Société générale. Le 4 novembre 2015, près de 600 managers de la banque ont commencé à explorer le Monde du projet. Un déclic selon Franck Tami, responsable des formations digitales, pour qui ce Mooc orienté métier a inauguré une « nouvelle ère d’apprentissage » pour les salariés de l’entreprise.

D’une durée de cinq semaines, le parcours pédagogique en ligne avait pour objectif d’approfondir les connaissances sur le lancement d’un projet et son pilotage : maîtrise des délais, des coûts, des risques… Une formation dont la thématique constitue un enjeu majeur pour le groupe. « Un projet mal géré peut engendrer des conséquences sur les gains attendus », soutient Franck Tami.

Une vingtaine d’experts internes ont élaboré, pendant près de huit mois, les 40 vidéos (cours filmés, infographies et graphiques commentés, tutoriels…) et les quizz proposés dans le Mooc. Un contenu 100 % maison diffusé sur la plate-forme Coorpacademy, start-up très orientée « gamification ». La promesse ? Favoriser la montée en compétences et l’engagement des apprenants à travers une expérience ludique. Les collaborateurs formés avec le Monde du projet ont pu ainsi se mesurer les uns aux autres à l’occasion de battles, des défis leur permettant de tester leurs connaissances. Les cours en ligne incluaient aussi un système d’étoiles et de récompenses, toujours dans le but de motiver les utilisateurs.

Une logique de pédagogie inversée

« La plate-forme Coorpacademy est bâtie suivant une logique de reverse training [ « pédagogie inversée », NDLR] où les participants réalisent des exercices afin de vérifier s’ils ont besoin de consulter les cours pour maîtriser le sujet », détaille Franck Tami. Lequel a aussi apprécié les fonctionnalités collaboratives de l’outil. Le réseau social virtuel du Mooc a encouragé l’échange des savoirs au sein de la communauté apprenante : « Au fur et à mesure de leur apprentissage, les salariés ont partagé leurs savoirs et ont pu échanger leurs bonnes pratiques avec des pairs », poursuit-il. Une fonctionnalité « coach » permettait par ailleurs aux collaborateurs formés d’obtenir l’aide d’experts en gestion de projet. De quoi faire progresser les apprenants sur la voie de la certification, l’outil offrant en effet la possibilité d’acquérir des niveaux de compétences, du débutant à l’expert.

Au final, grâce au Mooc, « les apprenants ont découvert un apprentissage différent des formations qu’on leur proposait depuis 15 ans », commente l’orchestrateur des cours numériques. De fait, les intéressés se sont montrés friands de cette nouveauté. Le dispositif pédagogique affiche des résultats records. Exemples : un taux de complétion de 86 %, une note de satisfaction de 8,6 sur 10 ou encore un pourcentage de 100 % des participants prêts à recommander la formation à leurs collègues. Comment expliquer ces chiffres hors norme ? Selon Franck Tami, les directions de l’entreprise très impliquées dans la communication autour du programme ont contribué au succès du programme. Autre clé de la réussite, un parcours de sensibilisation numérique ponctué d’échanges présentiels avec des professionnels des projets. À la fin de chaque semaine, des conférences en ligne ont aussi cadencé le rythme d’apprentissage des apprenants. Lors de ces sessions d’une durée d’une heure, les experts ont répondu aux questions des apprenants afin d’ancrer leur compréhension ou d’éclaircir des points non compris.

Une démarche collaborative

Aujourd’hui, la formation poursuit ses effets positifs à travers une démarche collaborative pérennisée : « Nous avons créé un espace communautaire grâce auquel les alumni obtiennent de l’aide et continuent à échanger leurs savoirs pour renforcer leur compréhension et tisser des liens avec les autres membres de la communauté sur les sujets et savoirs abordés », se réjouit-il.

Le patron des formations digitales a d’ailleurs un dernier motif de satisfaction, d’un point de vue économique cette fois. Malgré un investissement initial un peu plus élevé, le Mooc a en effet un coût final trois à quatre fois moins élevé qu’une formation présentielle classique : « L’entreprise s’y retrouve très rapidement », glisse-t-il.

Forte de cette première expérimentation de Mooc réussie, la banque entend maintenant transformer l’essai. Depuis que le Monde du projet s’est achevé, neuf projets de formats pédagogiques similaires ont été lancés. Le groupe articule aujourd’hui sa stratégie de formations digitales autour de quatre axes : les Mooc « sur étagère » proposés par les éditeurs, les Mooc « intra » ou Cooc (Corporate open online course), développés pour les propres besoins de l’entreprise, des Mooc « privatisés », trouvés à l’aide de moteurs de recherche spécialisés et mis à disposition des collaborateurs, et enfin des Mooc réalisés en partenariat. De la sorte, des cours en ligne sur la finance élaborés avec l’Edhec seront ouverts, dès ce mois de novembre, aux salariés de Société Générale mais aussi aux étudiants de la grande école. Une manière pour la banque de faire rayonner son expertise hors les murs de l’entreprise. Dans la même optique, le Mooc pionnier du groupe a d’ailleurs vu sa carrière prolongée : depuis septembre dernier, Le Monde du Projet est accessible en ligne au grand public.

Auteur

  • José Garcia Lopez